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japonaise se maintenant au contact, avait par cela même allongé sa ligne de communication. Ses approvisionnemens venaient en grande partie du port de Yinkéou-Newchouang, à 160 kilomètres Sud-Ouest de Chaho-pou. Au mois de janvier, tous les cours d’eau étant gelés, le général Kouropatkine résolut de faire un raid sur ces communications, en lançant une grande masse de cavalerie sur les derrières des Japonais. Une force d’environ cinq mille cavaliers, pourvue d’artillerie à cheval et de détachemens montés du génie, fut mise sous les ordres du général Mistchenko. Le 8 janvier il traverse le Hunho, contourne la gauche du rideau japonais et marche vers le Sud à travers la vaste plaine dénudée du Liaho. Il est en trois colonnes commandées par les généraux Samzonoff, Abramhoff et Tyeleschoff. Le front de marche est d’environ huit kilomètres. Hommes et chevaux sont en excellente condition. Le temps est clair et particulièrement doux pour la saison. La première nuit est passée aux environs de Silanataï, à moitié chemin entre le Hunho et le Chaho. La seconde nuit, on atteint les villages près du confluent de ces deux rivières. Environ 120 kilomètres ont été parcourus. Dans la soirée du 9, les éclaireurs se sont emparés d’un petit convoi. En se retirant, les éclaireurs se sont emparés d’une maison, et l’on constate qu’elle avait été d’avance remplie de combustible pour produire une grande quantité de fumée et donner ainsi l’alarme. La nuit venue, on voit des feux s’allumer de proche en proche dans la direction de l’Est. La présence des Russes est ainsi signalée. Le 10 au matin, on entre en contact avec cinq cents choungouzes, éclaireurs chinois à la solde des Japonais. Le régiment du Daghestan les charge, en tue une centaine et met les autres en déroute. En avançant vers le Sud, les colonnes de droite et du centre se trouvent en face du village de Shoutoze, près du confluent du Liaho et du Taïtzou, petite rivière qui coule de l’Est à l’Ouest. Le village entouré de murs est occupé par deux cents Japonais qui résistent énergiquement. Les Cosaques du général Verkhouyoudinski reviennent à l’attaque pendant la nuit et l’enlèvent. C’est là que fut tué Bertin, officier français démissionnaire ; il avait rejoint un mois auparavant le général Mistchenko. La brigade de Cosaques du Caucase est alors envoyée vers l’Est pour couper le chemin de fer au Nord d’Hay-Cheng, afin d’empêcher l’envoi de troupes venant du Sud. Le 11, les troupes traversent le Taïtsou et vers midi