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Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 31.djvu/311

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leurs moyens d’action, et cependant ils ont été insuffisans, comme l’avait été l’artillerie du général Samzonoff à l’attaque du village de Sénoutchen. La question est jugée. La cavalerie doit être accompagnée d’un certain nombre d’obusiers ou mortiers légers, tirant un obus torpille de grande capacité, chargé en poudre brisante. Les progrès de l’artillerie le permettent. Les cavaliers auront en outre des baïonnettes. Napoléon l’avait ordonné dans le décret du 12 février 1812. « Le mousqueton sera armé d’une baïonnette, dont le fourreau s’attachera au ceinturon du sabre, comme dans l’arme des dragons. » Alors la cavalerie pourra exécuter des raids heureux, s’emparer des nœuds vitaux des chemins de fer, de nouveau elle aura des ailes et ne risquera pas de se voir arrêtée par une méchante bicoque. La question d’une bouche à feu de gros calibre pour la cavalerie n’est pas nouvelle. Déjà sous le premier Empire, les généraux de cavalerie la demandaient.

Quelle fut, pendant la bataille , l'action de la cavalerie ? Moukden donne à cet égard des enseignemens nombreux. Cette bataille s’est développée du 23 février au 11 mars 1905 sur un front variant de 160 kilomètres (27 février) à 120 kilomètres (8 mars). Les cours d’eau étaient encore gelés et le pays partout praticable à toutes les armes. Rappelons rapidement les lignes principales de cette gigantesque rencontre.

Les Russes sont formés en trois armées et une réserve générale. A droite (Ouest) le général Kaulbars, commandant la 2e armée (1er corps sibérien, 8e et 10e corps européens, corps de tirailleurs d’Europe). Au centre, le général Bilderling, commandant la 3e armée (5e et 6e corps sibériens, 17e corps européen). A gauche, (Est) le général Liniévitch, commandant la 1e armée (1er corps européen, 2e, 3e et 4e corps sibériens). A l’extrême gauche le corps indépendant du général Rennenkampf. A Moukden, en réserve générale, le 16e corps européen. Le tout fait un total de 380 bataillons, 170 escadrons, 175 batteries à 8 pièces, 23 000 hommes de génie, soit 380 000 hommes. Cette armée s’est retranchée. Toutes les ressources de la fortification de campagne ont été mises à contribution. Grandes redoutes, avec communications défilées, larges et profondes, réseaux de fils de fer barbelés, trous-de-loup, fougasses électriques et automatiques, routes de colonne faisant communiquer les premières lignes avec l’arrière, batteries pourvues d’épaulemens, canons de