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Koudolizan, recommencées treize fois et celles du 5 mars à Koudiaza où le général Daniloff a subi dix-neuf attaques successives.

La guerre russo-japonaise vient de démontrer une fois de plus que l'offensive tactique peut seule assurer la victoire. Une armée forcée à la défensive, soit par suite de circonstances d’ordre politique, soit en raison de son infériorité numérique, doit se défendre en contre-attaquant sans cesse. Nous l’avons déjà vu en 1814. Sous ce rapport, cette campagne restera toujours le plus suggestif des exemples.

Napoléon manœuvrant entre les armées alliées a toujours attaqué. Son infériorité numérique ne l’a jamais incité à prendre position. Bar-sur-Aube, Craonne, Laon, Reims, Saint-Dizier, sont des batailles offensives et des victoires. Mais la guerre de 1904-1905 prouve également que les anciens erremens ne conviennent plus aux armées de nos jours. Une des supériorités des Japonais réside dans ce fait que leur armée n’était pas attachée au passé par des routines que nous décorons du nom de traditions. Maintenant que le service de deux ans nous impose une nouvelle loi des cadres, nous devons en profiter pour donner à l’armée l’organisation que comportent les nouvelles exigences tactiques. Les déductions logiques des enseignemens de la guerre qui vient de finir conduisent aux conclusions suivantes.

La réorganisation complète de notre cavalerie s’impose : il faut d’avance en reconnaître la difficulté. Ce qu’il est convenu d’appeler l’esprit cavalier, est opposé au combat à pied, devenu essentiel. Pour l’ancienne école, mettre pied à terre est déchoir. Elle voit dans l’équitation un but, tandis que ce n’est qu’un moyen. De là son engouement pour les courses, les concours hippiques, les carrousels et son mépris pour le tir. Le public, épris des spectacles qu’elle donne, la pousse dans cette voie, tandis que les chefs qui comprennent son rôle futur, n’osent rien dire de crainte d’être accusés d’hérésie et d’en subir les conséquences au point de vue de leur avenir. Maintenant la question se pose ainsi : il s’agit d’obtenir de notre cavalerie de moins s’attacher aux évolutions et aux tournois d’antan, pour consacrer plus de temps à l’étude du combat moderne. Certes elle n’abandonnera pas sans regrets les anciennes voies où elle a moissonné tant de lauriers. Mais actuellement ces voies ne mènent qu’au sacrifice inutile.