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Il suffit d’une voiture à six chevaux, par groupe de trois batteries. La voiture porte le moteur à gazoline, la dynamo et le projecteur. Celui-ci peut être transporté à bras de manière à être mis sur la crête, tandis que le moteur déroulant son câble va s’abriter à quelque distance. Ce nombre assez considérable de projecteurs est nécessaire, car sur terre on n’obtient des vues suffisantes que par la convergence de deux faisceaux lumineux éloignés, sur un même point. Il sera donc utile de conjuguer l’action des projecteurs de plusieurs groupes.

En ce qui concerne l’infanterie, notre règlement du 3 décembre 1904 donne satisfaction aux exigences nouvelles. Les enseignemens de la guerre russo-japonaise viennent de confirmer la rectitude de ses principes et le bien fondé de son esprit d’initiative et d’offensive. Une fois complété par une instruction détaillée sur les combats de nuit, l’emploi des boussoles à cadran lumineux, etc., il sera excellent ; mais l’équipement du fantassin doit être modifié. Il ne peut pas combattre sac au dos. Son chargement sera séparé en deux parties, celle qu’il peut laisser derrière lui (effets de rechange), celle dont il a besoin pour se battre plusieurs jours de suite, cartouches, vivres, pelle-bêche. Tout fantassin doit être porteur d’un outil. Notre pelle-bêche est excellente puisqu’elle permet de creuser la terre en restant couché. Il suffit de la donner à trois hommes sur quatre, le quatrième portera un pic ou une serpe. Mais il n’est pas moins indispensable que chaque homme soit pourvu de la tente-abri. Les énormes agglomérations qui précèdent les batailles, leur longue durée, obligent à bivouaquer les troupes. Le cantonnement sera très rare, la tente-abri seule a permis aux Japonais de mener une campagne offensive. Sans tente, l’armée de Kawamoura n’aurait pas pu arriver à Moukden. Elle a fait vingt-cinq jours de marche dans une contrée presque déserte par une température sibérienne qui n’a jamais été supérieure à 15 degrés au-dessous de zéro. Pendant les journées brûlantes de la bataille de Lyao-Yang, les réserves s'abritaient sous les petites tentes tendues sur les quillons des fusils.

Nous venons de passer rapidement en revue les modifications que l’expérience rend nécessaires. Il convient d’ajouter que la lenteur des opérations japonaises doit principalement être attribuée à la difficulté des réapprovisionnemens en vivres et en munitions. La consommation de celles-ci a dépassé toutes les pré-