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C’est une reine de printemps, la regina avrilloza, dont les chanteurs annoncent la venue. Elle a convoqué à la danse les couples jeunes ; mais son mari, vieux et jaloux, la poursuit. Je crois qu’il faut interpréter cette pièce comme une scène d’introduction à d’autres figures, qui y sont annoncées. On ne fait ici que présenter la reine de joie ; d’autres scènes devaient mimer la colère du vieux mari, sa lutte contre son rival, et montrer comment on chassait de la danse, sur l’ordre de la reine, les trouble-fète et les indignes. C’est ce qui résulte de ce rondel :


Li jalous sont partout fustat (a)
Et portent corne en mi le front.
Partout doivent estre huat :
La regine le commendat
Que d’un baston soient frapat
Et chacié hors comme larron.
S’en dançade vuellent entrar,
Fier le du pie comme garçon.

Tuit cil qui sont énamourat
Viengnent dançar, li autre non !
La regine le commendat :
Tuit cil qui sont énamourat.
Que li jalous soient fustat,
Fors de la dance, d’un baston !
Tuit cil qui sont énamourat
Viengnent avant, li autre non[1] !

Ces pièces éclairent d’une lumière suffisante bien des « refrains » où l’on exclut de la danse ceux qui n’aiment pas,


<poem>Vous qui amez, traiez en ça ;
En la, qui m’amez mie !


et bien des textes où les danseurs raillent le mari, le jaloux, le vilain :


<poem>Vous le lairez, vilain, le baler, le jouer, Mais nous ne le lairons mie[2].

Fol vilain doit on huer, Et si le doit on gaber[3].

(a) Fustigés.

  1. Motets, I, p. 151.
  2. Jeanroy, Origines, p. 395.
  3. Bartsch, Romances, I, 48.