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POÉSIES


LE PIN



Je plante en ta faveur cet arbre de Cybelle,

Ce Pin…
Pierre de Ronsard.




À l’ombre des pins verts où je prends au hasard
           Le sentier qui m’engage,
Je m’assois sur le sable et j’ouvre mon Ronsard
           À sa plus belle page.

L’heure est douce ; le bruit des cimes dans le vent,
           Au-dessus de ma tête,
Unit sa rumeur rauque au murmure savant
           Des vers du vieux poète ;

Parfois, je m’interromps et je lève les yeux
           De la strophe nombreuse,
Et j’écoute tomber de l’arbre résineux
           Une pomme écailleuse ;

Pendant que longuement vibre le mètre ailé
           Tout bas, à mon oreille.
Et qu’un papillon blanc vole dans l’air salé
           Où bourdonne une abeille.