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Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 31.djvu/452

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REVUE MUSICALE


Théâtre de l’Opéra : Reprise du Freischütz. — La Ronde des Saisons, ballet en six tableaux, de MM. Lomon et Henri Busser. — Théâtre de l’Opéra-Comique : Miarka, de MM. Jean Richepin et Alexandre Georges. — Les Pêcheurs de Saint-Jean, de MM. Henri Cain et Ch.-M. Widor. — La Coupe enchantée, de MM. Matrat et Gabriel Pierné.


Les artistes, surtout les musiciens, ont assez la coutume, pour se consoler d’un échec, au besoin pour s’en glorifier, d’assurer que tous les chefs-d’œuvre aujourd’hui consacrés ont commencé par être méconnus. Les musiciens n’ont raison qu’à moitié. Il est arrivé souvent, il arrive même encore que la beauté s’impose tout de suite, et la laideur aussi. De ces deux cas, le premier fut celui du Freischütz ; plus d’un récent ouvrage se trouve dans le second.

Le succès du chef-d’œuvre de Weber, aussitôt qu’il parut, eut quelque chose de foudroyant et d’universel. Une lettre d’Henri Heine en porte le plus vivant témoignage. Le jeune poète écrivait de Berlin, le 16 mars 1822, moins d’une année après la première représentation : « N’avez-vous pas encore entendu le Freischütz, de Weber ? Non ! Malheureux que vous êtes ! Mais n’en avez-vous pas au moins entendu la chanson nuptiale des jeunes filles ou, plus brièvement, la Couronne virginale[1] ? — Non plus ! Que vous êtes heureux ! »

« ... Vous comprenez, cher ami, pourquoi je vous nomme heureux si vous ne connaissez pas cet air. Ce n’est pas que la mélodie en soit mauvaise. Au contraire, et son excellence est la seule cause de sa popularité. »

Elle se chantait, la naïve et charmante chanson, d’un bout de la

  1. Jungferkranz.