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REVUES ÉTRANGÈRES

UNE BIOGRAPHIE ITALIENNE DE CARPACCIO


Vittore Carpaccio : la vita e le opere, par G. Ludwig et P. Molmenti, 1 vol. in-4o, illustré. Milan, librairie Ulrico Hœpli, 1906.


Il y a de très belles peintures de Carpaccio dans plusieurs musées d’Europe, en dehors de Venise : il y en a à Milan et à Bergame, à Berlin et à Vienne, à Francfort, à Stuttgart ; il y a, en France, la Sainte Famille de Caen et le Saint Sébastien du Louvre, qui, avec l’extrême diversité de leur inspiration, auraient de quoi nous révéler, à eux seuls, presque toutes les qualités artistiques du vieux maître vénitien. Et c’est chose certaine, d’autre part, que les églises et musées de Venise abondent en très belles peintures de maîtres contemporains de Carpaccio, dont quelques-uns lui sont au moins égaux pour la science du métier et l’adresse manuelle, — Gentil Bellin, par exemple, ou Cima de Conegliano, — tandis que l’un d’eux, Jean Bellin, offre toujours à nos yeux une pureté de lignes, une douceur de modelé, comme aussi un recueillement religieux et une profonde émotion poétique, que l’on chercherait vainement dans toute l’œuvre de l’aimable illustrateur de l’Histoire de sainte Ursule. Mais, avec tout cela, le fait est qu’en dehors de Venise, Carpaccio passe à peu près inaperçu, et que peu s’en faut que, à Venise, parmi tous les peintres de son temps nous ne voyions que lui. Au Louvre même, où pourtant les œuvres des prédécesseurs vénitiens de Giorgione sont bien rares, à peine nous remarquons en passant, — et peut-être, avec plus de surprise que de