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Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 31.djvu/478

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dence de la République ? Nous n’essaierons d’en tirer aucune, dans la crainte d’être démenti par l’événement qui se produira le surlendemain même de la publication de notre chronique. Il semble bien qu’on se soit compté définitivement à la Chambre, et que les voix qui ont été données à l’un et à l’autre candidat forment des lots à peu près irréductibles. Qui sait pourtant ? Les prévisions les mieux établies en apparence se sont trouvées plus d’une fois déjouées. Nous ne connaissons d’ailleurs jusqu’ici que deux candidats. La lutte restera-t-elle circonscrite entre eux jusqu’à la fin, ou bien quelque nouveau champion descendra-t-il fortement armé dans l’arène ? La discrétion avec laquelle les radicaux-socialistes ont tenu M. Sarrien en réserve jusqu’à la veille du scrutin permet de tout supposer. Nous ne pouvons qu’attendre le dénouement prochain. Quand nous en parlerons dans quinze jours, il paraîtra déjà bien ancien.


Le 16 janvier s’ouvrira la Conférence d’Algésiras. Ce n’est pas sans quelque inquiétude que nous nous voyons à la veille de traverser, avec les autres puissances, un gué qui a été insuffisamment sondé et qui même, sur certains points, ne l’a pas été du tout. Quant aux propos qui s’échangent sur la rive, avant l’opération, il faudrait un singulier optimisme pour les trouver rassurans. Nous aurons à dire un mot du Livre Blanc qui vient de paraître : il ne témoigne, à coup sûr, d’aucune détente dans les dispositions du gouvernement allemand. Mais nous aimons mieux commencer par chercher ailleurs un symptôme plus favorable.

Nous le trouvons à Rome dans la nomination de M. Visconti-Venosta comme premier plénipotentiaire italien à la Conférence. Il y a quinze jours, la crise ministérielle qui s’est terminée par le maintien de M. Fortis aux affaires et le départ de M. Tittoni nous avait causé quelque étonnement. Nous nous demandions ce que ferait, au ministère des Affaires étrangères, M. le marquis di San Giuliano. Le nouveau ministre est un des esprits les plus cultivés de son pays et un écrivain de grand mérite. Il inspire, dit-on, une grande sympathie à tous ceux qui l’approchent ; mais, comme diplomate, il n’avait pas encore fait ses preuves. Dans quel sens les ferait-il ? L’incertitude n’a pas été de longue durée. Le choix de M. Visconti-Venosta a reçu une approbation unanime en Italie, en France, en Allemagne, partout. Celui de M. Silvestrelli, qui avait précédé, n’avait pas reçu le même accueil : il s’en faut que l’approbation en ait été aussi générale. Ce n’est pas chez nous cependant que des critiques se sont produites ;