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René Taillandier a, d’après lui, soumis au Sultan et au Maghzen. Il y a lieu de faire remarquer tout d’abord que cet exposé n’a rien d’authentique. Il a été formé avec des notes que les scribes du Maghzen ont prises tant mal que bien, à mesure que M. Saint-René Taillandier parlait : c’est assez dire qu’on ne saurait les accepter sans les plus expresses réserves. Mais le gouvernement allemand n’en fait aucune ; il croit tout ce qu’on lui a dit à Fez. Au surplus, nous reconnaissons volontiers qu’il doit y avoir quelques détails exacts dans le rapport de M. de Tattenbach. Oui, nous avons conseillé au Maghzen un certain nombre de réformes. Oui, nous nous sommes montrés disposés à en surveiller l’exécution, et nous persistons à croire que c’était là le moyen le plus rapide et le plus sûr d’aboutir à un résultat sérieux. Toutes les puissances et la civilisation elle-même en auraient profité. La chancellerie allemande, dans une de ses dépêches, exprime l’avis que le mandat que nous n’avions pas devra être donné par la Conférence à plusieurs puissances, à toutes peut-être. C’est un procédé d’exécution absolument inférieur : aussi n’est-ce pas celui qui avait et qui a toujours nos préférences. Nous voulions nous charger de la tâche à accomplir, ou du moins en prendre pour nous le poids principal. Nous acceptons le reproche, si c’en est un ; mais nous n’acceptons pas celui d’avoir voulu priver une puissance, petite ou grande, du bénéfice des traités qu’elle avait passés avec le Maroc, pas plus que d’avoir voulu porter atteinte à la souveraineté du Sultan. Nous nous sommes déjà expliqués sur le premier point. Quant au second, la dépêche même de M. de Tattenbach nous fournit le meilleur argument à l’appui de notre thèse. M. de Tattenbach explique, en effet, très copieusement comment nous entendions organiser la police, et même les forces militaires du Maroc. Nous aurions fourni au Sultan des officiers français et des sous-officiers algériens. Si on connaît un autre moyen d’atteindre le but que nous nous proposions dans l’intérêt de tous, y compris le Sultan, qu’on le dise. Mais avions-nous le noir dessein d’étendre ainsi une mainmise permanente sur les troupes chérifîennes et de diminuer d’autant l’indépendance du chérif ? Écoutez ce qu’en dit M. de Tattenbach : il doit sans doute être cru quand il parle en notre faveur, puisqu’on le croit si aisément quand il le fait en sens inverse. « Aussitôt, écrit-il, que le gouvernement se trouverait en situation d’envoyer sur l’un des points dont il s’agit des troupes qui, par leur organisation, leur instruction et leur solde, seraient à même de garantir la sécurité, — que ce soient des Ascaris ou toute autre catégorie de troupes, — le rôle des in-