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qui ne peut souffrir Puisaye et qui certainement ne le cachera pas à ses correspondans en Bretagne ; 2° parce que je ne puis pas être de votre avis sur une nouvelle conduite à tenir à l’égard de Puisaye.

« Cet homme est toujours le même à mes yeux, c’est-à-dire un intrigant du premier ordre et par conséquent un être dangereux, car tous les intrigans le sont. Ce n’est pas une raison pour casser les vitres et chercher à l’exaspérer. Mais il y a une grande distinction à faire entre ne pas exaspérer un homme et céder à toutes ses volontés. Voyons l’état des choses. Puisaye a donné sa démission et très volontairement, grâce à vos soins ; l’a-t-il donnée de bonne foi ? C’est la question, mais je la regarde comme aussi inutile que difficile à résoudre. Le fait est que s’il l’a donnée de bonne foi, il peut peut-être blâmer la connaissance que j’en donnerais, mais il ne peut pas en être blessé et que dans le cas contraire, auquel je ne vois malheureusement que trop de vraisemblance, cette fausseté nécessite le prompt usage de l’arme que nous avons entre les mains.

« Vous craignez le mauvais effet que la connaissance de cette démission peut produire, tant à cause de l’attachement que Puisaye a inspiré à ses subalternes, qu’à cause de la crainte qu’ils peuvent avoir de perdre les grâces qu’il leur a prodiguées. Mais si la première de ces craintes est fondée aujourd’hui, le sera-t-elle moins dans six mois, dans un an ? Si une circonstance quelconque oblige à reprendre les armes, sera-ce le moment d’apprendre aux Bretons qu’ils ont un autre commandant ? La seconde crainte se dissipe d’elle-même : en m’adressant à Chalus que Puisaye a placé, n’est-ce pas dire, au moins implicitement, que je confirme tous ses choix ? Je pense comme vous qu’il faut ménager M. Windham et c’est une raison de plus pour l’éclairer ; c’est pourquoi, loin de me reprocher d’avoir employé le moyen le plus propre que je pusse pour y parvenir, je vous avoue que je m’en sais très bon gré et que je ne conçois pas pourquoi vous m’en paraissez affecté.

« Pour me résumer, il est nécessaire que ma lettre, qui n’a plus d’objet, relativement à la Garde nationale, mais qui contient sans réflexion et historiquement un fait que Chalus doit savoir, et qui d’ailleurs contient un témoignage de satisfaction pour lui et que je suis bien aise qu’il reçoive, lui parvienne et je suis persuadé que vous serez fâché de l’ordre que vous avez donné à