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Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 31.djvu/702

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ou, en termes techniques, on « épinait » les soudes ayant joué leur rôle, lesquelles soudes resservaient souvent, non pour intervenir comme primitivement, mais dans les phases ultérieures d’opérations diverses relatives à d’autres charges d’huile. Petit à petit, le savon se combinait, se « liquidait ; » dans la masse de son eau de cristallisation il surnageait à la lessive surabondante et aux impuretés qu’on épinait définitivement k froid, et il achevait de se concréter dans les mises ou bassins. Quant aux résidus, aux lessives usées chargées de glycérine, elles étaient autrefois, sans plus de façon, précipitées dans la Méditerranée. Pour les savons dits « bleus, » ils devaient et doivent encore leur couleur à des traces de sulfate de fer qui, en présence des lessives sulfurées, se « réduit » et se convertit en sulfure noirâtre.

Il fallait autrefois attendre de longs jours avant que la combinaison d’une huile et d’une soude donnât un savon marchand. Aujourd’hui l’industrie moderne qui, on le sait, n’est pas patiente, procède plus vite. Bien entendu, on peut sans sortir de l’usine assister à toutes les périodes de la fabrication. Contenues dans des barils d’environ 500 litres et déchargées du camion, les huiles sont directement roulées dans la salle des chaudières, à moins qu’elles ne soient précipitées dans de vastes réservoirs souterrains, dont quelques-uns ne se remplissent que d’huile d’olive. Un essai rapide, dans un laboratoire contigu à la salle d’arrivée des huiles, contrôle la pureté de celles-ci. Ce laboratoire n’est pas immense, et comme personnel, employé ou matériel chimique, ferait maigre figure auprès de celui des essais techniques de la rue Sainte, dont nous avons parlé à différentes reprises dans ce travail et le précédent, mais il n’est pas pour cela dépourvu d’intérêt et nous y jetterons un coup d’œil en passant. Qu’y verrons-nous en sus du matériel nécessaire pour éprouver les huiles ? Les instrumens alcalimétriques servant à reconnaître la basicité ou la causticité des soudes au moyen d’une liqueur acide titrée, dont une quantité suffisante et exactement mesurée, introduite au contact d’un poids donné de soude, détermine, sur une trace de principe colorant, un virage de teinte qui avertit le chimiste. Puis les réactifs argentiques, propres à rendre insoluble le chlore du chlorure de sodium, jusqu’au moment où le mélange, préalablement additionné de chromate de potasse, rougit subitement, ce qui dénote la précipitation