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Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 31.djvu/712

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constituées encore à l’usine avec des planches de peuplier, de sapin ou même de vulgaire pin d’Alep débitées elles-mêmes dans les dépendances de la stéarinerie dont elles portent la marque.

Non loin des formidables approvisionnemens du magasin de dépôt fonctionne un atelier plus simple, mais non dépourvu d’intérêt. Nous voulons parler de la « ciergerie ; » dans laquelle règne un silence religieux (c’est le cas de le dire) ; on y voit le cierge prendre naissance par simple aspersion progressive de la mèche au moyen de cire puisée dans une bassine inférieure chauffée à la vapeur. Souvent le cierge est teint par des couleurs à l’aniline, souvent aussi, dans ce cas, il est destiné à figurer dans les cérémonies des Arabes. Le culte catholique prend sa revanche avec les cierges de première communion, fabriqués d’abord tout unis et guillochés à l’emporte-pièce suivant la fantaisie de l’ouvrier, tandis qu’ils sont encore chauds, et aussi avec les cierges liturgiques : soit à cire pure et coûtant jusqu’à 5 francs le kilo, soit à façon de cire. Beaucoup de ces produits iront briller à Fourvière ou illuminer Lourdes.

Industrie essentiellement française par ses principes techniques, ses origines, son développement, la stéarinerie s’adresse peu à certains consommateurs étrangers. En effet, dans divers pays comme la Hollande ou la Belgique, on se sert de préférence de bougies de paraffine, parce que cette substance n’y paye aucun des droits d’entrée dont elle est grevée en France. La paraffine qui s’extrait des pétroles comme résidu de distillation est une matière hydrocarbonée, sans oxygène et ne se rattache d’aucune manière aux acides gras quoiqu’elle s’allie très bien avec ceux-ci[1]. Mais, comme produit fabriqué, elle ne saurait être favorisée du bénéfice de l’admission temporaire et acquitte un droit absolument prohibitif de 35 francs par 100 kilogrammes. D’autre pari la bougie, une fois confectionnée, subit 30 francs de droits, aujourd’hui comme après la

  1. Paraffine vient du latin purum affinis, ce qui, librement traduit, signifie que la paraffine jouit de très peu d’affinité vis-à-vis des réactifs chimiques ; aussi s’en sert-on fréquemment pour enduire le liège des bouchons obturant les flacons contenant des liquides caustiques susceptibles de ronger le verre.
    Plus molles que les bougies ordinaires, les bougies de paraffine, par une anomalie bizarre, sont cependant moins fusibles et conviennent mieux pour l’éclairage des appartenons des pays chauds. En France, pendant la canicule, la stéarine fond d’ailleurs quelquefois dans les habitations, et un témoin digne de créance nous a affirmé avoir vu le fait se produire à Montauban, au cœur de l’été.