Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 31.djvu/72

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Houssaye[1], on n’entendait plus le canon de l’Empereur. »

Le 19 au matin, le combat recommence sur la rive droite de la Dyle. Grouchy force les Prussiens à la retraite. Il se prépare à marcher sur Bruxelles, quand un officier, envoyé par Soult, vient enfin lui apprendre la défaite de Waterloo. Sa décision est vite et bien prise, ses ordres bien donnés, bien exécutés ; dans les combats autour de Namur, son influence directrice et son intervention personnelle sont des plus énergiques.

D’après Lettow[2], sa situation sur la Dyle, le 19 juin dans l’après-midi, était pleine de danger ; il a su s’en tirer habilement et énergiquement. Il y a d’ailleurs été aidé par les fautes des Prussiens, comme par le dévouement et la promptitude d’exécution de ses troupes. Il y a lieu de signaler tout particulièrement le IVe corps, dont les divisions ont marché sans discontinuer depuis les 7, 8 et 9 juin, sans prendre un jour de repos, et qui ont combattu avec bravoure les 16, 19 et 20 juin. Au contraire, il y a lieu d’adresser plusieurs critiques à la direction des opérations prussiennes dans la poursuite de Grouchy.

De son côté, M. Henry Houssaye s’exprime ainsi[3] :

« Si cette marche de Wavre à la frontière n’est pas, il s’en faut, une des plus étonnantes retraites de l’histoire militaire moderne (conférence sur Waterloo, du colonel Chesney, de l’armée anglaise), car l’insouciance de Thielmann et la timidité de Pirch la facilitèrent singulièrement, elle fait néanmoins grand honneur au maréchal de Grouchy. Il ne désespéra pas quand dans l’immense désastre tout semblait perdu. Il sut agir avec décision et rapidité. Par la direction qu’il choisit et par les dispositions qu’il prit, il sauva son armée. On peut se demander ce qu’il fût advenu si l’infortuné maréchal avait montré, le 17 et le 18 juin, autant de résolution, d’activité, de talens militaires, et la même intelligence des nécessités des situations. »

Comment expliquer cette lacune des 17 et 18 juin, ce manque de coup d’œil militaire pour la mise en train de sa poursuite, chez ce maréchal qui, immédiatement après, en se tirant d’une situation périlleuse, a mérité de pareilles appréciations, et obtenu les éloges de nos ennemis d’alors, des Prussiens, comme des Anglais ; chez ce chef, qui, auparavant, s’était toujours

  1. 1815, Waterloo, p. 457.
  2. Napoleons Untergang, p. 465.
  3. 1815, Waterloo, p. 468.