Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 31.djvu/724

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la pensée de leur gouvernement, l’œuvre que la Conférence devait accomplir. Elle se compose de sept points, qu’ils ont énumérés : 1° la question de l’organisation des forces de police dans les principaux centres pour l’étendre ensuite graduellement au reste de l’Empire : on voit que les Marocains ont mis en tête ce que la Conférence a mis prudemment en queue ; 2° la question des armes ; 3° la question du cours de la monnaie ; 4° la question de la perception des impôts agricoles dus par les Marocains et par les protégés ; 5° la création de nouvelles ressources et d’une banque ; 6° la question de l’application de la convention de Madrid ; 7° enfin la question des améliorations à introduire dans les ports et ailleurs.

En lisant tout cela, il nous venait comme une réminiscence Je l’avoir déjà vu quelque part. Où donc ? Dans les instructions de M. Saint-René Taillandier. Chose étrange ! On nous avait dit que le Maghzen n’avait rien accepté du programme de M. Saint-René Taillandier ; qu’il l’avait même formellement repoussé, et voilà qu’il le reprend point par point, sans en rien omettre, pour déclarer à la Conférence que c’est bien là ce qu’il faut faire et ce à quoi elle doit l’aider. Le Sultan ne trouve pas que l’organisation de forces de police destinées à s’étendre progressivement à tout son Empire porte atteinte à sa souveraineté. Il parle des ressources à créer, et même de l’institution d’une banque qui lui avait causé tout d’abord de si vives préoccupations. Si la politique de la France avait besoin d’être justifiée, elle n’aurait pas pu l’être plus complètement. Le Maghzen veut les réformes que nous lui avons conseillées : il les réclame ; il ne peut plus s’en passer ; il les fera sans doute accepter par la Conférence. Reste la question de savoir comment on les accomplira, et c’est là que l’entente pourrait bien cesser. Mais, sur les réformes elles-mêmes, elle est complète entre le Maghzen et nous. Nous en prenons acte.

La première communication des plénipotentiaires marocains était donc pleine de bon sens : peut-on en dire autant de l’autre ? Elle se rapporte aux réformes fiscales à introduire au Maroc. Rien n’est plus simple : le gouvernement marocain parle bien de quelques changerions à faire dans les impôts intérieurs ; mais, comme il n’a qu’un médiocre espoir de les prélever régulièrement sur des contribuables qui ont des fusils comme lui, c’est plutôt aux taxes d’importation qu’il applique son effort réformateur. Il propose de les élever toutes dans des proportions telles que, si la Conférence y consentait, le principe de la porte ouverte pourrait bien être écrit sur le papier, mais qu’en fait, la porte du Maroc resterait fermée. Les taxes marocaines seraient