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un discours prononcé à Inverness, ce que les journaux du parti radical appellent une déclaration importante. Il a voulu lever tous les voiles, dissiper toutes les calomnies, mettre fin à tous les malentendus. Qu’a-t-il dit ? Qu’il n’y avait pas, qu’il n’y aurait point de traité secret entre les libéraux et les nationalistes irlandais, mais qu’il existait entre eux une alliance publique, un accord spontané pour atteindre au même but. Et quel est ce but ? Améliorer l’administration de l’Irlande et assurer aux Irlandais l’autorité légitime qui leur revient dans la conduite de leurs affaires. On se demande ce que signifie cette phrase. Peut-être veut-elle dire le Home-rule. Peut-être ne veut-elle rien dire du tout. Le premier ministre a ainsi l’habitude de venir jeter, avec beaucoup d’élan et un grand air de franchise, ces déclarations vagues que tous les partis pourraient endosser et qui laissent une question aussi incertaine qu’auparavant.

22 janvier. — Les élections des districts urbains se sont terminées le 17 et, le même jour, ont commencé celles des circonscriptions rurales. Cela forme deux périodes électorales à peu près séparées, et c’est tout ce qui subsiste aujourd’hui de l’antique distinction entre les Burgesses et les Knights of the Shires. On pouvait croire que les régions agricoles se montreraient moins enthousiastes en faveur du libre-échange puisque le parti protectionniste annonce, comme un de ses motifs, l’intention de raviver l’agriculture qui n’a cessé de péricliter depuis 1845. Durant les premiers jours, cette prévision ne s’est pas réalisée. Mais, avant-hier, les unionistes ont eu quelques victoires, qui ne peuvent, du reste, changer ni même atténuer le sens et la portée de l’élection.

23 janvier. — M. Chamberlain a terminé sa campagne électorale par deux vigoureux discours prononcés l’un à Shrewsbury, l’autre dans le Worcestershire. Il a essayé de galvaniser les électeurs unionistes pour ces derniers combats qui ont, dit-il, une grande importance : « C’est l’arrière-garde qui sauve l’armée en couvrant la retraite et qui empêche cette retraite de se tourner en déroute. » Quant à lui, il a retrouvé toute sa verve, son entrain, sa belle humeur. Il compte s’amuser, pendant les sessions prochaines, au spectacle de ce pauvre gouvernement qui va être harcelé par ses amis les Irlandais et par ses amis les ouvriers.

M. Redmond justifie ce pronostic en disant bien haut : « Si