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1o Il faut multiplier les établissemens spéciaux de neurothérapie, pour traiter les demi-fous de toutes les classes de la société, qui n’ont encore commis aucun acte délictueux ou criminel ;

2o Il faut créer des asiles de sûreté spéciaux, pour les demi-fous nuisibles ou dangereux, qui ont commis et peuvent encore commettre des actes délictueux ou criminels ;

3o Il faut donner aux tribunaux le droit de décider, d’après les rapports des médecins, si le coupable doit être envoyé : en prison, s’il est psychique normal ; dans un asile d’aliénés, s’il est fou irresponsable ; dans un asile de sûreté spécial s’il est demi-fou demi-responsable.


De cette longue étude des demi-fous je voudrais déduire, en terminant, une conclusion pratique : il faut se garder, vis-à-vis d’eux, de toute attitude exagérée. Il faut se garder d’abord et surtout des sarcasmes et des persécutions, et n’avoir qu’indulgence et protection pour nos frères les demi-fous. D’autre part, il ne faut pas croire qu’à ces malades tout soit permis, que de leur part tout soit excusé d’avance et tout doive rester impuni. Les demi-fous sont assez responsables pour qu’on les juge, et il ne faut pas dépouiller à leur égard la société de ses droits vitaux de défense. Et, pour tout résumer d’un mot, il faut que nous empêchions les demi-fous de nous faire du mal, tout en leur faisant nous-mêmes le plus de bien que nous pourrons.

Dr J. Grasset.