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événemens, massacré, le gouvernement de l’Inde se contenta de rendre à la liberté Dost-Mohammed qui remonta sur le trône de Caboul.


IV

Établissement de l’influence anglaise en Afghanistan.

On a prétendu que, sous le coup de ce désastre, le gouvernement britannique avait adopté vis-à-vis de l’Afghanistan une politique d’inaction et d’indifférence, et lord Curzon a écrit même que le peuple anglais conçut pour ce pays un sentiment d’aversion et d’appréhension presque superstitieuse qui n’a pu être vaincu qu’à la longue. Il se peut que ces sentimens, d’ailleurs fort compréhensibles, aient été ceux du peuple anglais ; toutefois, il n’est pas exact que le gouvernement anglo-indien se soit désintéressé, à cette époque, de l’Afghanistan ; seulement il modifia sa politique. Finissant par où il aurait dû commencer, il chercha à s’assurer une base solide d’opérations en plaçant sous l’influence anglaise les régions intermédiaires entre l’Afghanistan et l’Inde. Le Beloutchistan fut d’abord le théâtre où se manifesta son activité. Un petit corps d’armée anglo-indien s’étant présenté sous les murs de Kélat, la capitale du pays, le souverain baloutche dut signer un traité par lequel il se déclara vassal soumis, jura de se laisser guider toujours par les bons offices de l’agent politique anglais résidant à sa cour, concéda au gouvernement britannique le droit de placer des garnisons dans toutes les villes du Beloutchistan où il serait jugé convenable, dut accepter enfin le subside annuel qui le transformait en simple fonctionnaire de l’État voisin. En s’établissant dans le Beloutchistan, les Anglais devenaient les voisins immédiats de l’Afghanistan sur la frontière méridionale et prenaient ce pays à revers. Cette annexion fut complétée, en 1843, par celle du Scindh ou région du Bas-Indus et, en 1845, par celle de la province de Peïchawer, depuis la limite des Yazof-Zaï, un peu au-dessus de la rivière de Caboul, jusqu’à la frontière du Scindh. La même année, lord Hardinge dirigeait la première guerre contre les Sikhs et, par le traité du 9 mars 1848, démembrait leur empire : le Cachemire formant un État autonome, le Moultan et le Pendjab laissés à leur roi. Sous le gouvernement de lord Dalhousie,