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Arouet a certifié de même ce que Carré de Montgeron appelle le miracle de la petite Aubigan, de cette fille qui redressa et allongea à grands coups de battoir une jambe crochue et beaucoup trop courte. Les assistans étaient « épouvantés, » lisons-nous p. 628 ; entre autres M. de la Croix l’archidiacre et M. Arouet « en étaient tout hors d’eux-mêmes. »

Ces choses-là se passaient chez M. de Rochebouët, curé de Saint-Germain le Vieil ; le fait suivant que les Notes historiques rapportent d’après Montgeron (tome III, p. 724) eut pour théâtre l’appartement même du receveur des épices ; c’est donc en plein Palais de justice que se seraient produits ces phénomènes d’invulnérabilité ; il est fâcheux que Voltaire n’ait pas assisté à cette curieuse séance.

« Il y a des convulsionnaires qui donnent des coups d’épée à des personnes qui n’ont jamais eu de convulsion ; et comme c’est Dieu qui le leur fait faire, il rend ces personnes invulnérables à leurs coups, quoiqu’elles ne les reçoivent que malgré elles. C’est ce qui est arrivé entre autres gens de marque à un officier de distinction qui, vers le commencement de 1745, vint voir M. Arouet, chez qui il y avait alors beaucoup de monde et quatre convulsionnaires en convulsion. Cet officier ayant paru incrédule au prodige de l’invulnérabilité des convulsionnaires, Dieu voulut le convaincre par sa propre expérience que ce prodige était très réel. Tout à coup ces quatre convulsionnaires, qui avaient chacune une épée à la main, vinrent les pousser de tous les côtés sur cet officier, qui en fut si effrayé qu’il en demeura comme immobile. Il sentait à sa peau les pointes de tous les coups qu’elles lui portaient. Mais quoique ces quatre convulsionnaires les poussassent de toutes leurs forces, il n’en reçut aucune blessure, et ne put s’empêcher d’admirer un tel prodige, quoiqu’il parût fort peu content d’avoir été malgré lui le sujet sur lequel il s’était opéré. »

Mais voici, à la page suivante, quelque chose de plus fort encore, il s’agit d’une guérison opérée sur un blessé à grands coups d’épée, et cela chez Arouet, toujours en plein Palais. Voici le certificat imprimé par Montgeron en 1747 :

« Je soussigné, ancien chef des travaux des armées du roi, certifie que le jour de la Fête-Dieu 1744, après midi, étant dans un appartement de la Chambre des comptes, je suis tombé par derrière sur la tête avec une si grande force crue je sentis