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Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 32.djvu/67

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Chancelier de la partager entre ses trois petits-fils. L’actif se composait uniquement des terres de Meudon et de Chaville que Monseigneur avait reçu par testament de la Grande Mademoiselle et qui valaient 40 000 livres de rente, de pierreries qui ; étaient fort belles, et de bijoux qu’il avait achetés et qu’on évaluait à 200 000 écus. Il fut décidé d’un commun accord que le Duc de Bourgogne, auquel certains avantages étaient attribués comme aîné, garderait les terres, et que les bijoux et pierreries seraient partagés entre le Duc de Berry et le roi d’Espagne. Le Duc de Bourgogne était très préoccupé que, dans le règlement de la succession, l’absence de ce dernier ne lui portât aucun préjudice et il s’en expliquait avec Philippe V lui-même dans une lettre que je crois à son honneur de citer : « Sur la réponse que vous aviez faite au Roy en vous remettant à luy de tout ce qui regardoit feu Monseigneur, il a pris le party de vous donner la part qui vous appartient par les lois, et je puis dire que l’on n’en pouvoit prendre d’autre, car l’on doit toujours aller au plus avantageux pour ceux qui se remettent entièrement entre les mains des autres. C’est monsieur le Chancelier qui est chargé de toute l’affaire ; elle ne pouvoit estre mieux qu’entre ses mains. Il y a cependant des effets dont j’ai déjà disposé, tels que du tabac et des vins de liqueur, ce qui m’a paru ne devoir point entrer dans un inventaire, et je serois mesme fort aise de vous parler de ces bagatelles, si je ne croyois pas que vous devez être informé de tout pour faire les choses dans la dernière exactitude, car, encore un coup, mon très cher frère, soyez persuadé que vos intérêts me sont aussi chers que les miens propres et que je déciderois sans hésiter pour vous contre moy en toutes choses si j’y trouvois un petit doute[1]. »

Le Duc de Bourgogne garda donc Meudon, mais le Roi ayant dit qu’il ne le verrait pas volontiers y faire des voyages, le Duc de Bourgogne déclara qu’il n’y mettrait pas les pieds, et en effet il n’y retourna jamais. Les pierreries furent partagées entre les deux princes ses frères. Il y avait malheureusement des dettes. Pour y faire face, on ne trouva pas d’autre moyen que de vendre le reste des bijoux. Ce qu’on aurait peine à croire si Saint-Simon et Dangeau n’étaient d’accord pour le ra conter, c’est que ces bijoux furent vendus à l’encan dans les

  1. Archives d’Alcala. Lettre du 11 juin 1711 communiquée par l’abbé Baudrillart.