Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 32.djvu/815

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

armes après les premiers combats, fussent-elles victorieuses.

Donc, construisons à Saigon et à Haïphong les magasins du type reconnu nécessaire pour assurer la conservation des munitions dans les pays de chaleur humide, et remplissons-les aussitôt construits. Il n’est malheureusement pas inutile de rappeler qu’aux colonies nous devons employer le matériel d’artillerie le plus perfectionné, puisque le département des Colonies, sous prétexte d’économie, s’obstine à demander à celui de la Guerre la cession d’un matériel démodé pour armer ses batteries de côte et de place. Souhaitons également que le canon de montagne dont l’établissement est à l’étude soit promptement donné à notre défense coloniale.

L’envoi de mitrailleuses est très urgent. La guerre russo-japonaise a montré toute l’importance de cet engin ; il est particulièrement nécessaire en Indo-Chine, pour suppléer à l’insuffisance de nos effectifs et aux difficultés de manœuvre que rencontre l’artillerie dans les plaines inondées des Deltas. Chaque bataillon d’infanterie doit avoir son groupe de deux mitrailleuses, et il est bien évident que le modèle adopté doit être celui auquel nos cadres et nos hommes de l’infanterie coloniale sont exercés en France. Nous n’ignorons pas que le département des Colonies en avait décidé autrement, et quelle incroyable légèreté, quel particularisme coupable, ont présidé à la commande faite à la manufacture de Puteaux, il y a deux ans, et naïvement payée d’avance 360 000 francs ; le modèle, choisi sans aucune des précautions les plus élémentaires, n’est pas encore au point. Il convient de passer l’éponge sur cette perte sèche et de nous assurer rapidement du modèle en usage dans l’armée française.

Durant la guerre russo-japonaise l’emploi constant de la fortification rapide, In nécessité de remuer la terre pour pouvoir avancer et de s’accrocher au terrain pour attendre les réserves, ont montré qu’il fallait donner à chaque homme son outil de campagne.

Un autre enseignement de la même guerre, c’est la nécessité d’installer des communications téléphoniques et télégraphiques, jusque sur le champ de bataille.

Les lignes de feu prennent aujourd’hui des dimensions telles que c’est de l’arrière seulement qu’on peut espérer les diriger ; le commandement doit donc rester en arrière des ligues, vers