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Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 32.djvu/872

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de leur zèle. Tous ensemble enfin, prêtres et laïques, devront être les infatigables représentans et les ardens défenseurs du « droit des humbles. » Dès qu’il s’agira de faire passer dans les mœurs, dans les lois et dans les faits un peu de cette « fraternité » qui est le dernier mot du christianisme, de réaliser plus complètement notre idéal moderne de justice sociale, de répartir plus équitablement entre ceux qui peinent et ceux qui jouissent les charges et les sourires de la vie ; il faut que les catholiques soient toujours, et au premier rang, sur la brèche ; il faut qu’à cet égard, ils donnent sans se lasser l’exemple de l’activité, de la bonté, du désintéressement ; il faut que d’eux viennent non seulement les collaborations les plus efficaces, mais les initiatives les plus fécondes. Surtout, il faut que toute cette action sociale ne soit inspirée par aucune espèce d’arrière-pensée politique ou d’ambition personnelle. Le pouvoir reviendra, ou ne reviendra pas aux catholiques, peu importe : l’essentiel pour eux est de faire œuvre utile, de remplir intégralement leur vie et leur devoir d’hommes et de citoyens. Il faut que leurs adversaires eux-mêmes sentent que si un jour les catholiques redevenaient les plus forts, s’ils rentraient en possession de la légitime part d’influence qui leur est due dans les affaires générales du pays, ils n’auraient rien à craindre de cette majorité nouvelle, ni « réaction, » ni « Terreur blanche, » ni représailles d’aucune sorte. Les catholiques ne revendiquent aucune espèce de privilège ; ils ne se réclament que du droit commun ; ils sauront respecter les droits d’autrui. M. Combes lui-même pourra finir en paix sa longue et glorieuse carrière ; on le laissera avec sa récente « médaille » présider aux destinées de la Gauche démocratique du Sénat ; on se contentera de ne plus l’appeler à la présidence du Conseil. Les dernières révocations de l’Edit de Nantes doivent être laissées à l’actif des anticléricaux.

La tâche intellectuelle qui s’impose aux catholiques français n’est pas moins urgente que la tâche sociale, et, en un certain sens, elle est peut-être plus essentielle encore. Car, que l’Eglise catholique ait été dans l’histoire, et qu’elle soit encore de nos jours une institution incomparable, de vie religieuse, d’énergie morale et d’activité sociale, c’est ce que bien des non-croyans d’aujourd’hui admettent de la meilleure grâce du monde ; et Taine, on s’en souvient, a écrit sur ce thème une fort belle page. Mais les mêmes incroyans admettent comme un fait