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Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 32.djvu/941

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articles avaient paru sans signature, suivant l’usage des Quarterly anglaises, aucun de ses biographes ne semble même s’être douté de leur existence. Pendant trois quarts de siècle, ils ont dormi dans la collection poussiéreuse de la Foreign Quarterly. Ils y dormiraient encore si un hasard n’avait pas révélé, tout récemment, à un critique anglais, M. Robert Garnett, le fait de la collaboration régulière de Thackeray à la revue étrangère de la maison Chapman ; et c’est à ce hasard que nous devons aujourd’hui l’agréable surprise d’une œuvre, pour ainsi dire inédite et nouvelle, de l’un des principaux, écrivains anglais du XIXe siècle.

Malheureusement, je crains fort que cette œuvre n’ait pas reçu, de M. Garnett, sa forme définitive. Les articles de Thackeray étaient anonymes, et les comptes de la Foreign Quarterly ayant, — apparemment, — péri, force a été à M. Garnett de ne s’inspirer que de son instinct personnel de critique pour découvrir, parmi la masse des articles de la vieille revue, ceux qui devaient provenir de l’auteur d’Esmond. Deux ou trois fois, en vérité, l’ingénieux explorateur de la Foreign Quarterly a pu alléguer, à l’appui de ses conjectures, des indices assez significatifs pour équivaloir à des preuves : allusions, dans des lettres de Thackeray, à des sujets traités dans les articles, ou encore répétitions, dans ces articles, de pensées ou de phrases du Livre d’Esquisses authentique de 1839. Pour le reste des morceaux reproduits, nous sommes simplement invités à dire, après les avoir lus, si nous n’avons pas l’impression de retrouver là l’esprit de Thackeray et son tour de style ; et j’avoue, quant à moi, qu’il y a au moins trois des chapitres du nouveau recueil où je ne les retrouve absolument pas. Il m’est absolument impossible d’admettre que Thackeray ait écrit une seule ligne d’une longue, fastidieuse, et plate analyse des Crimes célèbres d’Alexandre Dumas ; ni d’une analyse plus courte, mais également fastidieuse et plate, de la Monographie de Balzac sur la Presse Parisienne ; ni d’un compte rendu des Lettres Parisiennes de l’Allemand Gutzkow, qui dénote, il est vrai, une certaine connaissance du personnel politique français au temps de Louis-Philippe, mais qui décrit ce personnel avec un sérieux et une déférence les plus éloignés au monde, me semble-t-il, de l’ironie méprisante avec laquelle Thackeray a toujours parlé des choses d’outre-Manche. À coup sûr, ces trois articles n’ont aucun droit à figurer dans le recueil où les a introduits M. Robert Garnett ; et peut-être son recueil en contient-il plusieurs autres qui n’y ont, non plus, aucun droit ; et peut-être la vénérable série des livraisons de la