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ententes entre producteurs qui s’engageaient à ne pas vendre en dessous d’un cours déterminé, traitant avec les agriculteurs non syndiqués aux mêmes conditions qu’avec les syndicats. Et la bataille continue, bien que beaucoup aient compris leur véritable intérêt. Donnez en effet au producteur la facilité d’écouler rapidement ses marchandises, la certitude d’un prompt remboursement, vous lui procurez un bénéfice énorme dont il doit trouver légitime d’abandonner une partie à qui lui permet de le réaliser.

L’outillage agricole démocratisé, popularisé, facilitant une culture plus intensive et plus rémunératrice, est aussi par excellence un bienfait de ces syndicats agricoles que les collectivistes poursuivent de leur haine bien naturelle ; car l’association libre demeure le contrepoison de leurs doctrines. Concours spéciaux, essais publics, remises, subventions, primes, récompenses, ont reçu une nouvelle impulsion par cette propagande, par l’acquisition, pour un usage commun successif, des machines que l’élévation de leur prix ou leur emploi peu fréquent rendaient inabordables au petit cultivateur. Charrues défonceuses, faucheuses et moissonneuses, semoirs, houes à cheval, scarificateurs, alambics, trieurs, hache-paille, moulins à farine, pulvérisateurs, pressoirs mobiles à vendanges, égrappoirs, fouloirs, etc., sont placés dans les dépôts organisés par le syndicat, loués pour un prix minime, quelquefois même prêtés gratuitement aux adhérens : au besoin, on leur montre la manière de s’en servir. Dans la Manche, les instrumens sont répartis en deux classes : instrumens ambulans et instrumens stationnaires dans les dépôts où les syndiqués peuvent les utiliser sans déplacement. Le syndicat agricole du canton de Delle (Haut-Rhin) possède dix-neuf trieurs. Quelques syndicats ont un matériel de battage perfectionné qui fonctionne dans des conditions déterminées par un règlement spécial, et produit une économie considérable.

Il est des syndicats qui ont trouvé le moyen de ne pas acquérir un matériel coûteux tout en procurant les avantages de celui-ci à leurs adhérens ; ils ont conclu des traités, soit de gré à gré, soit par adjudication, avec des entrepreneurs spéciaux, qui consentent des remises sur leurs tarifs ordinaires.

L’achat d’un outillage agricole se fait par l’emprunt, parfois aussi avec le patrimoine propre du syndicat, ou grâce à des subventions officielles et donations particulières : M. Eugène Rostand,