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médicaux, remèdes, indemnités de chômage, secours en argent ou en nature quand il s’agit de sinistres exceptionnels. Ici la voie était tracée par les anciennes sociétés vigneronnes de Bourgogne et de Touraine qui exécutaient gratuitement les travaux des adhérens malades ou besogneux. La loi de 1884, celle de 1898, ont propagé cette pratique, facilité la création des retraites ouvrières. Maintenant les sociétés de secours mutuels peuvent posséder, gérer leur fortune, se fédérer en Unions générales : ce qui accroît singulièrement leur crédit et leur force d’expansion. Leurs versemens à la Caisse des dépôts et consignations reçoivent un intérêt de faveur de 4 et demi pour 100. Il faut d’ailleurs observer que l’organisation des retraites ouvrières rencontre un obstacle sérieux : la modicité même des cotisations, qui rend indispensable l’appel à d’autres ressources, te ! les que les dons et legs, bénéfices provenant des entreprises agricoles, économies des sociétés coopératives.

Ce qui caractérise depuis quelques années le mouvement syndical, c’est un effort ingénieux, universel, pour appliquer à l’agriculture toutes les formes de mutualité : mutualités de crédit, mutualités contre l’incendie, mutualités contre la mortalité du bétail, mutualités de retraites. Voilà les quatre branches où s’exerce actuellement l’action des syndicats agricoles, qui caractérise leur action sociale, et cela constitue un progrès sensible sur le premier mouvement qui, on l’a vu, était coopératif pour l’achat des engrais.

« Il y a coopération, dit Emile Chevalier, chaque fois que la société est contractée entre ceux sur lesquels serait prélevé le bénéfice de l’entreprise, si, au lieu de coopération, il y avait entreprise ordinaire. Qu’est-ce qu’une société coopérative de production, sinon la société contractée entre ouvriers, avec l’intention de s’attribuer le gain ? La société de consommation groupe les consommateurs qui veulent échapper au bénéfice que réalise sur eux le commerce de détail… Et si nous passons aux sociétés formées entre cultivateurs, nous dirons qu’il y aura coopération chaque fois qu’ils se seront associés pour percevoir eux-mêmes le profit que prélève sur eux un intermédiaire. » Tantôt les syndicats ont recours à la forme de la société coopérative pour les achats de toutes les denrées nécessaires aux besoins précis de leurs adhérens ; tantôt ils préfèrent, pour la vente des produits agricoles, une sorte de filiale qui prend la forme de société coopérative ;