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tantôt enfin, ils adoptent un type spécial de société coopérative mixte, d’achat en commun des matières premières, et de vente des produits : parmi ces dernières, citons : la Société coopérative de production et de consommation des Agriculteurs du Lot-et-Garonne, la Coopérative agricole des Alpes et de Provence.

Malheureusement les coopératives syndicales viennent d’être soumises à la patente, lorsqu’elles possèdent des magasins : tous les syndicats protestent contre une loi si malencontreuse ; comment a-t-on pu en effet assimiler aux sociétés commerciales les coopératives, puisque celles-ci ne réalisent aucun bénéfice ?

Un admirable exemple de solidarité coopérative nous est donné dans la Meuse par la Caisse départementale des Incendiés, cette mère des Mutualités et même des Assurances, qui va bientôt célébrer le centenaire de sa fondation, et qui assure les neuf dixièmes des habitans du département. Assurance gratuite des bâtimens et mobiliers affectés à un service public, subventions considérables aux communes pour acquérir leur matériel d’incendie, tarifs très réduits, de 35 à 50 pour 100 inférieurs à ceux des compagnies ; la Caisse payant de ses propres deniers tous droits de timbre et d’enregistrement pour les sommes versées par les assurés ; un capital de huit millions de francs, qui rapportent plus de 160 000 francs de revenus annuels, sert de garantie aux assurés, et permet d’entrevoir l’assurance presque gratuite ; celle-ci d’ores et déjà accessible aux plus modestes bourses, l’union parfaite des grands et petits, des opinions les plus diverses, pour le succès de l’œuvre, des secours très larges aux indigens non assurés, et à toute personne blessée en combattant le feu, une administration modèle, des commissions d’expertise composées et fonctionnant en perfection, la facilité de s’assurer en bloc, et pour un an, — tout ceci n’a pas peu contribué au succès de l’institution : elle est en toute vérité une grande école de morale, de progrès et de sagesse. Les recettes de l’année 1905 s’élèvent à 844 407 francs, les dépenses à 560 340 francs ; là-dessus, 298 144 francs ont été distribués en indemnités et secours aux incendiés, et des sommes importantes placées en valeurs de premier ordre. En cas d’incendie, le rapport des experts est soumis à une commission, désignée sous le nom de Bureau particulier, composé : 1° du juge de paix du canton, président ; 2° du conseiller général ; 3° du conseiller d’arrondissement du canton ; 4° du maire de la commune ; 5° du curé ou desservant ; 6° de l’adjoint ou premier adjoint au maire ;