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« l’hostel de la reine d’était un principe rigoureux. Il fallait que chaque dépense fût prévue méticuleusement d’avance. Pour la nourriture, les gens devaient préciser « bien exactement, par le menu, et par chapitres séparés, pain, vin, chair, poisson, bois, rôt, pâtisserie, épicerie, fruit, herbes, sel, cire, chandelle ; » distinguer les jours gras des jours maigres et les jeûnes ; évaluer le chiffre des bouches à nourrir, totaliser par jour, par mois, par année. En ce qui concernait le personnel, l’état général des officiers de la maison était communiqué à la Cour des aides, régulièrement, et ne pouvaient être payés que ceux qui figuraient authentiquement sur les contrôles. Ces principes, on les maintint étroitement pour les finances de la nouvelle reine. La vérification des dépenses de Marie de Médicis fut assurée par une infinité de paperasseries.

En décembre, les bureaux préparaient les éléments du budget de l’année suivante. L’état, vu et signé de la reine, était porté au conseil des finances qui le révisait avec soin, équilibrait l’ensemble, s’assurait de la sincérité de chaque article, faisait telle modification qu’il jugeait utile, puis le tout soumis au roi et approuvé par lui était renvoyé au trésorier de l’Épargne, lequel était chargé de faire porter, à la fin de chaque mois, au maître de la chambre aux deniers de la reine, au caissier, le douzième voulu. Chaque chef de service recevait alors copie sur parchemin du chapitre du budget le concernant et son devoir était de s’y conformer étroitement, sous la surveillance des contrôleurs, dressant avec soin la liste de ses dépenses, dont « l’écrou » était arrêté à la fin de chaque mois. Si des déficits se produisaient, par exemple lorsqu’il venait aux tables plus de gentilshommes qu’on n’en attendait, ou bien que quelque imprévu occasionnait un surcroît de frais, le contrôleur devait, pour y faire face, utiliser les reliquats, les excédents de recettes obtenus ailleurs : c’était la grosse affaire. S’il n’y avait aucun moyen de trouver des moins values quelque part, on se résignait à avouer l’excès de la dépense et à solliciter une nouvelle imputation de crédits sous forme « d’assignations » nouvelles, procédure lente, compliquée, difficultueuse. Les règlements prévoyaient enfin qu’il pût demeurer à la fin de l’exercice des crédits non employés, « des deniers revenans bons ; » d’avance des destinations étaient attribuées à ces sommes ainsi économisées : on s’en servait pour « refaire des meubles, » remplacer le vieux matériel usé.