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Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 33.djvu/171

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budgets embarrassés, dettes, expédients et même procédés indélicats[1].

Henri IV rit beaucoup, au moment de son mariage, lorsque la cour de Florence, mal instruite des rigueurs de la comptabilité en France, persuadée qu’avec un contrôleur italien Marie de Médicis serait mieux maîtresse des deniers de son budget, demanda au roi de laisser prendre à la princesse un comptable florentin, assurant Sa Majesté que la future reine était una buona menaggiera, « une bonne ménagère. » Se défiait-il ? Avait-il déjà de bonnes raisons de n’en rien croire ? Il répondit évasivement, puis choisit un Français consciencieux, M. Florent d’Argouges.

Parcimonieux de sa nature, préoccupé avec Sully de maintenir la plus grande régularité dans ses finances, Henri IV prit des mesures pour que le budget de la reine fût tenu avec une extrême exactitude. Tout bien pesé, il en fixa la somme annuelle à 400 000 livres. Et d’abord la reine ne fut pas libre de répartir les 400 000 livres à son gré.

Depuis de longs siècles, depuis le moyen âge, la spécialisation détaillée de chaque article des comptes de ce qu’on appelait jadis

  1. L’exposé de l’organisation financière au début du XVIIe siècle et de l’histoire des finances sous Henri IV et Louis XIII est encore à faire, ce qui a été écrit jusqu’ici ne présentant que des indications fragmentaires et confuses. Nous avons des élémens împortans de cette histoire : l’Etat des finances de la France depuis l’année 1600. (Bibl. nat., ms.fr. 7 749) ; les bordereaux « de la recepte et despence du compte de l’Epargne », 1605-1615 (Ibid.. ms. fr. 16 627, fol. 55-106) ; l’état des pensions en 1605 (Ibid., ms. fr. Il 163, et 1 165) ; le budget de 1606 (Arch. du min. des Aff. étrang. France, 766), celui de 1607 (Bibl. nat., mss. Dupuy, 89, fol. 243, et ms. fr. 16 626, fol. 73-87, nouv. acq. fr. 17 291, fol. 32 et suiv.), de 1608 (Ibid., fr. 7605, fol. 48 et suiv. Cf. Revue rétrospective, 1re série, t. IV, p. 159-186 ; ms. Dupuy 412, fol. 125 ; Arch. du min. des Aff. étrang. France, 767), de 1609 (voir Forbonnais, Recherches et considérations sur les Finances de la France, l, 116), de 1610 (Bibl. nat., ms. Dupuy 591. fol. 137), de 1611, 1612 (Arch. du min. des Aff. étrang. France, 768 ; Bibl. nat., ms. fr. 11 165, fol. 81-104), de 1612-1615 ( !Ibid., mss. Dupuy 824-827,) etc. On pourrait ajouter l’état de la valeur de tous les offices de France ‘Ibid., nouv. acq. fr. 2 609) ; sans parler de notables publications du temps telles que « le traité du revenu et dépense des finances de France » présenté par le président Jeannin aux États généraux de 1614 (dans FI. Rapine, Recueil de ce qui s’est fait à l’assemblée des États en 1614, p. 525 550), et Les Êstats, empires et principautés du monde (Paris, 1619, gr. in-8o, p. 97). Voir aussi Mallet Comptes rendus de l’administration des finances du royaume sous Henri IV, Louis XIII, Paris, 1789, in-8o), et A. Chamberland (Le budget de 1597, dans Revue Henri IV, 1905, t. I, p. 15 et suivantes.)