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le déficit est de 74 000 livres. Il est de 35 000 en 1603 ; de 157 000 en 1604 ; de 29 000 en 1605 ; de 318 000 livres en 1606 ; et avec des oscillations diverses, de 61 000 en 1607 ; 222 000 en 1608 ; 141 000 en 1609 ; 470 000 en 1610 : plus du double du crédit normal I II est vrai que cette année-là Henri IV est mort. Devenue maîtresse de l’État, Marie de Médicis ne comptera plus guère, puisqu’elle a les moyens royaux d’inventer des recettes et à partir de ce moment les excédents grandiront à vue d’œil.


Ce ne sont pas, jusqu’en 1610, les chapitres ordinaires du budget de la maison qui croissent et se développent de la sorte ; la nourriture et les fournitures se maintiennent aux mêmes prix ; le personnel, qui est peu payé, n’augmente pas et l’écurie reste toujours la même. A la rigueur, les toilettes ne sont pas plus dispendieuses qu’il ne convient et le crédit qui les concerne, 28 000 livres, suffit. En fait de dépenses supplémentaires, la reine, propriétaire du château de Montceaux, a des réparations à y faire, quelques constructions qui n’ont rien d’exagéré, et Henri IV consent à lui allouer une recette spéciale pour cet objet. Ce qui la ruine, c’est son goût effréné pour les bijoux.

Les longues et interminables notes que celles qu’à chaque pas on rencontre des orfèvres et des joailliers ! Tous les ans la liste enfle démesurément. Valeur des objets et nombre de pièces, tout contribue à rendre la dépense exorbitante. La reine prendra sans hésiter deux diamants de 28 000 livres, quatre de 30 000. Elle n’hésitera pas à se rendre acquéreur de numéros ruineux tels qu’une croix d’or de 18 000 livres, un diamant de 75 000, un bracelet de 360 000, tout en diamants ! Les mémoires des marchands se renouvellent, allongeant leurs listes de vingt, trente articles dont le total représente une profusion inimaginable. Comment, avec un fonds annuel de 36 000 livres destinées aux menus plaisirs, faire face à l’achat de diamants aussi dispendieux et aux multiples emplettes de bijoux ? Voilà comment le crédit de 400 000 livres est incapable de suffire aux goûts exagérés de la princesse.

Marie de Médicis, aux prises avec les embarras financiers résultat de ses dépenses inconsidérées, a été contrainte de subir les remontrances de ses trésoriers se fâchant et refusant d’avancer des sommes dont ils étaient ensuite responsables ; les colères d’Henri IV opposant toutes les difficultés possibles à payer ses