dettes ; la coalition des cours souveraines, chambres des comptes, parlements, cours des aides, ne voulant pas lui faciliter le paiement de ce qu’elle devait. Elle comprend elle-même que ses besoins sont trop supérieurs à ses ressources. Hélas ! gémit-elle, en écrivant à un Italien, Giovannini, qui lui demande 12 000 écus, « de penser que je puisse débourser cette somme, outre ce qu’il y va de la conscience, c’est chose que mes affaires ne peuvent permettre, car vous savez que ce qui est ordonné pour la dépense de ma maison n’y peut seulement suffire ! Je suis redevable de grandes sommes pour plusieurs extraordinaires que j’ai faites et que je suis contrainte de faire journellement. » Et répondant aux réclamations de son trésorier général, M. Florent d’Argouges, qui appelle son attention sur les notes qui s’accumulent, elle s’écrie désespérée : « Je ne sais où prendre de quoi acquitter ces dettes. »
Elle ne sait où prendre de quoi payer parce que la seule porte à laquelle elle puisse frapper s’obstine à rester fermée, ou, si elle s’ouvre, ne s’ouvre que dans des conditions dérisoires. « Vous savez mieux que nul autre, mande-t-elle au fidèle d’Argouges, les grandes sommes dont je suis redevable, les grandes peines et presque l’impossibilité que j’ai de tirer des gratifications ou bienfaits du roi, Monseigneur, pour y satisfaire ; » et elle ajoute tristement : « tellement qu’il faudra, par nécessité, que je sois contrainte de régler ma dépense ! »
Moitié plaisantant, moitié, au fond, très sérieux, Henri IV se refuse en effet péremptoirement à augmenter les recettes de la reine. Si les dettes deviennent trop criantes et qu’il soit obligé de céder, il s’y prend ensuite de façons si peu simples que Marie de Médicis a autant de mal à recouvrer les sommes octroyées qu’elle en a eu à obtenir la concession royale. La mauvaise volonté du roi tenait à plusieurs raisons. C’était d’abord chez lui politique. Il pensait bien ne restaurer l’État qu’au moyen de beaucoup d’argent, et cet argent il ne l’aurait qu’en pratiquant et faisant pratiquer autour de lui d’étroites économies. Ensuite, tout à l’opposé de sa femme, il était, lui, très économe, très regardant et même avare. Les misères des temps héroïques lui avaient appris la valeur des écus ; il savait les ménager ; il voulait qu’on ne les gaspillât pas. Il poussait ce souci jusqu’à un point tel qu’il scandalisait ses contemporains ! « Son avarice est abominable ! » abominevole, s’écriait le résident florentin. « C’est un ladre vert ! » déclarait d’Aubigné ; et les