Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 33.djvu/324

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
PIERRE LEROUX[1]
(1797-1871)

Avec la meilleure volonté du monde, on n’eût point découvert, dans tout Paris, — afin de perpétuer convenablement le nom et la réputation un peu particulière de Pierre Leroux, — une autre rue que la rue Pierre Leroux. Elle traîne, ainsi qu’une chose ancienne et délabrée, à la limite du faubourg Saint-Germain, dont elle dépend par l’une de ses extrémités, débouchant de l’autre en plein quartier populaire, en pleine foire aux plaisirs ; mais plaisirs de qualité très spéciale sans doute, que débitent au comptant fruitiers

  1. Pierre Leroux, Réfutation de l’Éclectisme, 1839. — De l’Humanité, 2 vol., 1840. — Discours sur la situation actuelle de la société et de l’esprit humain, 2 vol., 184 L — D’une Religion nationale ou du culte. 1846. — De l’Égalité, 1848. — Du christianisme et de son origine démocratique, 1848. — Malthus et les économistes, 1849, etc. — Cf. P.-Félix Thomas, Pierre Leroux, sa vie, son œuvre, sa doctrine. Paris, Alcan, 1904, in-8o. Dans l’intéressant ouvrage de M. Thomas, nous ferions volontiers deux parts : la première, relative à la « vie » de Pierre Leroux, nous paraîtrait devoir être approuvée sans réserve ; la seconde, relative à la « doctrine » du philosophe, eût pu, croyons-nous, suivre de plus près la pensée qu’on s’est donné pour but de nous faire connaître. Quand un auteur a rendu sa pensée avec bonheur, — et les ouvrages de Leroux fourmillent de formules heureuses, — il est peut-être inutile de vouloir nous la « traduire. » C’est un peu le défaut du livre de M. Thomas. Nous regrettons aussi qu’il n’ait pas « daté » les pensées successives de Leroux qui. à l’instar de Saint-Simon, apprenait tous les jours et se dépassait continuellement.