des études plus méthodiques et plus suivies. Aussi bien Ceylan, si l’on ne visite que Colombo et Kandy, en y passant quelques jours, ne présente-t-il rien de particulier à l’observateur. On a trop parlé de la beauté de ses sites, du charme de son climat, de la richesse de ses plantations, pour que j’entreprenne de vous en retracer le tableau...
J’ai visité ces jours derniers le Jardin Botanique de Péradényia et son laboratoire d’études. Les naturalistes anglais m’y ont fait le meilleur accueil, particulièrement M. Green. Et si je ne craignais pas de retomber dans la zoologie, je vous parlerais longuement des intéressantes études auxquelles ces savans se livrent sur place, dans l’intérêt des plantations de thé que tant de parasites ravagent. Nos colonies peuvent envier à l’Angleterre cette institution des Naturalistes d’État qui rend de si grands services. A Pondichéry, d’où vous parviendra ma prochaine lettre, je crains de ne rien trouver de pareil, quoique cette ville possède aussi son jardin colonial. Si je m’en rapporte à ce que j’ai vu, il y a vingt ans, je n’aurai pas à en dire grand bien....
Pondichéry, 29 mai 1901.
La première précaution pour qui veut voyager dans l’Inde, est d’amasser une réserve de patience. Ici le temps ne compte point. J’en ai repris l’expérience dès mon départ de Ceylan. Embarqué dès huit heures du matin sur le Dupleix, des Messageries Maritimes, nous n’avons quitté le port de Colombo qu’à neuf heures du soir : question de marchandises. Les passagers ont attendu leur complet embarquement, puisqu’ils sont, comme celles-ci, des objets de trafic. Si la mer est mauvaise, le navire ne vaut guère mieux. Il a roulé et tangué sans relâche pendant deux jours et deux nuits. Puis, à Pondichéry, nous avons subi le traditionnel transbordement par chelingues. Seules, ces grosses barques sans qu’ille sont capables d’affronter les trois rangs de brisans qui défendent l’accès de cette côte plate et sablonneuse, où les cocotiers abondent, uniformément déjetés par le vent du large.
Si peu variés que soient ces rivages, je ne les ai pas revus sans plaisir, tant on se sent porté à essayer de revivre le passé, de retrouver les témoins familiers de ses années de jeunesse. Voici, encore au loin, les maisons carrées, jaunes ou blanches, surmontées de terrasses, les allées de porchers, les hautes colonnes