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LE SOL DE L’OCÉAN

Il y a quelques années[1], nous avons décrit les procédés à l’aide desquels on parvient à prendre connaissance du relief du lit océanique. Ils sont la conséquence de découvertes datant, pour la plupart, d’une soixantaine d’années à peine et dues à un savant français, Aimé, humble professeur au lycée d’Alger, qui vécut pauvre et mourut à trente-cinq ans, en 1846, victime de son dévouement à la science, après avoir exécuté d’admirables travaux. Aimé est malheureusement aussi peu connu, surtout en France, qu’il mériterait de l’être, car, sans crainte d’exagération, on peut affirmer qu’il est une de nos gloires nationales. On envoie aujourd’hui la sonde, en toute sécurité, jusque dans les plus profonds abîmes. Comparable à une main emmanchée à l’extrémité d’un bras de longueur illimitée, le plomb de sonde semble tâter le sol immergé et mesure la distance le séparant de la surface des eaux. L’étendue des mers est parsemée de stations dont le nombre augmente chaque année et sa forme longtemps cachée se précise de plus en plus. On reporte les données acquises sur des caries dites bathymétriques, on entoure d’une ligne isobathe les espaces situés à la même profondeur, on recouvre les aires ainsi déterminées d’une teinte ordinairement bleue, d’intensité proportionnelle à la profondeur ; et l’on obtient alors, avec son relief, l’image même du fond de l’océan. Les expéditions ayant pour but spécial l’étude de la mer et surtout

  1. Les grands sondages océaniques, Revue des Deux Mondes, 1er mars 1900.