Adet dut quitter son poste, au moment même où, revenu à une appréciation plus exacte de la situation et à une allure plus prudente, il eût peut-être conjuré la rupture des relations des deux peuples.
Cette crise réclamerait un long récit. Ce que nous avons voulu noter, c’est la direction que, dès l’origine, elle fournit au premier président des États-Unis l’occasion d’imprimer aux affaires de son pays, et qui devint une tradition respectée. Dans l’ensemble comme dans la suite de leur politique, les successeurs de Washington, en effet, ne s’écartèrent pas de la ligne de conduite strictement amé- ricaine qui avait été la sienne. Ils se maintinrent, pour leur plus grand bien, sur le chemin tracé, d’une main sûre, par celui qu’ils avaient eu l’incomparable fortune d’avoir pour chef et pour guide. Toujours plus loin et plus haut, — go ahead, — ils y poursuivirent leur marche raisonnée et rapide, surmontant avec une invariable énergie les obstacles auxquels le cours du temps fait se heurter les peuples et qui sont pour eux, — l’Union américaine n’y échappa point, — de rudes et redoutables épreuves. Aujourd’hui qu’avec le même impartial sang-froid, on peut, survies deux rives de l’Atlantique, juger cette période troublée, qui donc oserait ne pas approuver Washington d’avoir opposé à l’effréné et compromettant prosélytisme des missionnaires de la Révolution française le patriotisme calme et fier du fondateur de l’Union américaine, avant tout préoccupé de l’existence, de l’indépendance, du grand avenir de son pays ?
ALPHONSE BERTRAND.