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contenu dans un fonds correspond à la somme de vie animale au sein des eaux immédiatement sus-jacentes ; et comme la mort des êtres dont les débris ont apporté le phosphore est surtout attribuable à la rencontre d’un courant chaud et d’un courant froid, on comprend que tel savant qui se proposera spécialement d’éclaircir les questions relatives à la distribution de la vie dans les eaux et à la circulation des courans, dans le présent et dans le passé, ne s’appliquera guère qu’à doser le phosphore tandis qu’un autre savant, préoccupé de questions différentes, ne tiendra à connaître que le soufre, un troisième rien que le manganèse, ou la magnésie, ou l’ammoniaque. L’œuvre entière est impossible à accomplir par le même ouvrier ; la besogne doit être partagée et, en océanographie comme dans les autres sciences, les vues d’ensemble, les seules que nous ayons à exposer ici, ne sauraient résulter que d’une totalisation d’efforts individuels.

L’analyse minéralogique, rapide et simple, consiste à reconnaître au microscope la nature minéralogique des grains de sable qui constituent le fonds ; elle ne s’applique généralement qu’aux grains non calcaires ayant résisté à l’action d’un acide étendu. On y parvient en observant leur aspect en lumière transmise, en lumière réfléchie et en lumière polarisée, leur forme arrondie ou anguleuse, les modifications apportées par la calcination, la résistance aux acides énergiques et d’autres caractères encore.

L’analyse au point de vue des débris organisés est l’affaire des naturalistes, qui, le plus souvent, au microscope, les reconnaissent et déterminent s’ils ont appartenu à des foraminifères, des radiolaires, des éponges, à d’autres animaux ou à des algues comme les diatomées.


III

Supposons que le travail qui vient d’être indiqué soit exécuté et que des travailleurs ayant chacun sa spécialité, aient soumis à ces diverses analyses un nombre suffisant d’échantillons épars sur une surface de mer telle que l’Atlantique septentrional, pour prendre un exemple. Remarquons en passant que dans ces sortes d’études, on a toujours le tort de s’attaquer à de trop vastes espaces. Il faut savoir ne prendre que juste ce qui doit permettre de parvenir