soixantaine de mille, le redressement à faire, en ce qui concerne la véritable population européenne, est peu sensible : la natalité y excède toujours sensiblement la mortalité, même dans le groupe des Français d’origine.
Le premier indice de la situation d’une colonie, celui qu’on peut tirer des mouvemens de la population, est donc favorable. Il témoigne que notre établissement en Algérie n’est pas précaire et que les perspectives en sont réconfortantes.
Les 630 000 Européens ne sont pas réunis dans les villes côtières ; la moitié au moins est dispersée sur toute la surface du pays et la population agricole européenne est évaluée, en 1901, à 201 000 âmes.
Le second indice, que l’on doit chercher dans le mouvement commercial, est, lui aussi, satisfaisant et encourageant. On a vu que, au temps de la domination turque, c’est-à-dire avant l’occupation française, le commerce de l’Algérie était évalué, importations et exportations réunies, à 7 ou 8 millions de francs. Il a presque centuplé sous la domination française : il approche en effet, de 640 millions de francs en 1904, dont 367 millions à l’importation et 272 millions à l’exportation. Il s’agit là du commerce spécial, c’est-à-dire de celui qui est absolument propre au pays, déduction faite du mouvement des entrepôts ou du transit. L’excédent des importations sur les exportations ne doit ni étonner, ni alarmer ; c’est le propre de toutes les colonies jeunes. L’année 1904 avait été, d’ailleurs, médiocrement prospère ; plusieurs des années antérieures, plus favorisées, fournissaient une exportation de 15 à 30 millions de francs plus considérable. Les exportations algériennes se composent surtout de produits agricoles auxquels s’ajoutent quelques matières minérales et végétales, notamment, en 1904, plus de 23 millions de produits minéraux, fer, zinc, plomb et phosphates, dont les quantités et la valeur paraissent appelées à doubler rapidement Des articles végétaux, rares en Europe, l’alfa et le crin végétal, pour plus de 9 millions ensemble, sont aussi à citer, comme des produits spéciaux de l’Algérie.
Nous ne voulons pas abuser des données numériques, et nous nous contentons de celles qui précèdent pour montrer quel essor la domination française, en un temps relativement court, a imprimé à cette vieille contrée de piraterie.
Nous nous proposons de rechercher surtout quel peut être