élections de Paris. Quelques ennemis irréconciliables de l’Empire, monarchistes ou républicains, avaient réussi : Jules Simon et Bancel avaient obtenu une double élection, l’un dans la Gironde, l’autre à Bordeaux. Celle de Bancel n’était pas un gain, car il avait pris la place de l’un des Cinq. De même, Esquiros avait supplanté à Marseille Mario, et Gambetta, sans être élu, remportait, à Marseille aussi, sur Thiers et sur le légitimiste Barthélémy[1]. Estancelin, Barante, amis personnels des princes d’Orléans, Barthélemy-Saint-Hilaire, Cochery, affiliés à Thiers ; Gagneur, Steenackers, Lesenne venaient augmenter les rangs du parti démocratique, dont le nombre total, cependant, ne dépassait pas 28. Le parti catholique avait retrouvé son vaillant et puissant orateur, Keller. Mais à côté quelle hécatombe ! Favre battu partout, à Marseille comme à Lyon ; Glais-Bizoin évincé par le général la Motte-Rouge ; également vaincus d’Audiffret-Pasquier, Rémusat, Falloux, Broglie, Boeher, Lacave-Laplagne, Decazes, Lainbrecht, le lieutenant de Thiers. Nous, les constitutionnels, nous perdions Janzé, mais nous gagnions des recrues précieuses Mouchy, Beille, Germain, en attendant Choiseul Praslin, Guyot-Montpayroux, en ballottage favorable. Des deux membres proscrits de la majorité, Calley Saint-Paul surnageait, mais Pouyer-Quertier succombait.
Parmi les vaincus, on comptait deux hommes qui, quoi qu’on pensât de leurs doctrines, eussent dû, dès qu’ils en manifestaient le désir, être accueillis d’emblée parmi les membres d’une assemblée nationale, Prévost-Paradol et Benan. Jusque-là, Prévost-Paradol, le brillant polémiste, avait jeté ses flèches d’or de dessus les nuages académiques, admiré, encensé dans les salons par les belles dames qu’enchantait le sourire charmant dont se voilait sa mélancolie secrète. Pour la première fois, il se mettait en contact avec la plus répugnante des réalités, celle des mêlées électorales. Il débarqua à Nantes, en pleine espérance, ne doutant pas qu’on allait l’accueillir là comme à l’Académie. Il se trouva en présence de trois adversaires : le candidat officiel Gandin, le radical Guépin, le clérical Lareinty. Le plus aimable fut le candidat officiel, très galant, homme, et les coups les plus désagréables ne furent pas ceux du préfet, qui ne bougea pas. Mais, en compensation, quels
- ↑ Gambetta, 8 663 ; Lesseps. 4 535 ; Barthélémy, 3 072 ; Thiers, 3 582.