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collèges ou séminaires arabes, dans les écoles normales, dans l’enseignement moderne, dans quelques écoles techniques ou commerciales et même parfois, en qualité de répétiteurs ou de maîtres de conférences, à l’École supérieure des Lettres d’Alger. M. Ismaël Hamet cite aussi une demi-douzaine de femmes indigènes qui sont institutrices à Alger et à Constantine.

Quelques musulmans, mais en nombre jusqu’ici assez restreint, se sont pourvus du diplôme de licencié en droit, se sont fait inscrire comme avocats à nos barreaux, ou occupent des places de commis dans des administrations françaises. La carrière accidentée et plutôt précaire du journalisme en a séduit aussi quelques-uns.

II semblerait que l’art médical et les professions qui s’y rattachent dussent exercer quelque attrait sur nos sujets musulmans. Nos écoles de médecine leur font bon accueil. M. Ismaël Hamet cite, parmi ses coreligionnaires, une dizaine de docteurs en médecine, quelques officiers de santé et quelques pharmaciens. Le nombre en est encore bien restreint : mais c’est à peine si l’on est à la troisième génération depuis la conquête et l’on ne devrait pas s’étonner si graduellement le recrutement des professions médicales parmi nos sujets musulmans devenait plus abondant.

L’armée française, dès les premiers jours de notre occupation, s’ouvrit aux Arabes et aux Kabyles : ils y sont nombreux dans les cadres inférieurs et moyens ; il en est parvenu, très exceptionnellement, jusqu’au grade de général. Leurs aptitudes guerrières et leurs goûts héréditaires font d’eux une matière militaire excellente. On trouve, parmi eux, un grand nombre de lieutenans et de capitaines, quelques commandans et un ou deux colonels.

Si l’on rassemble tous ceux de nos sujets musulmans qui se sont ainsi dégagés de la masse indigène primitive et qui, soit dans l’agriculture, soit plus encore dans le commerce et la moyenne industrie, soit dans l’enseignement, les administrations et les carrières libérales, soit dans les cadres de l’armée, se sont rapprochés de nous et ont reçu une relative européanisation, l’effectif, sans être encore très considérable, n’en est pas modique. On peut penser que chaque génération nouvelle le grossira dans des proportions de plus en plus notables.

Ainsi, la preuve est formellement fournie que la population arabe et kabyle d’Algérie a, en puissance, sinon encore en action, toutes les diverses aptitudes qu’exige le développement complet de