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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




26 mai.


Le scrutin de ballottage du 20 mai a confirmé les résultats du premier. Personne n’en sera surpris : il y a tant de gens en France qui sont toujours prêts à se rallier à la victoire ! Or les élections du 6 mai avaient donné, sans contestation possible, la victoire aux radicaux-socialistes. Le succès des socialistes purs avait été moins accentué ; mais ils ont bénéficié au second tour de l’élan général en faveur des idées avancées, et leur groupe revient à la Chambre renforcé de quelques voix. En somme, les radicaux-socialistes et les socialistes sont les maîtres de la situation. S’entendront-ils ? Se diviseront-ils ? Les premiers ont une majorité qui se suffit à elle-même. Ils peuvent se passer, s’ils le veulent, du concours des seconds. S’en passeront-ils ?

Cela dépendra beaucoup des exigences des socialistes. S’ils se posent, avec M. Jules Guesde, en parti de révolution, ils ne tarderont pas à effaroucher les radicaux, qui n’auront qu’à se compter pour se sentir indépendans. Mais si, cédant à d’autres influences, ils font de l’opportunisme parlementaire, comme ils en ont fait pendant ces dernières années, ils reprendront tout simplement leur place dans le bloc. Leurs habitudes les y portent, et cette solution semble la plus vraisemblable. Leurs anciens chefs la recommandent plus ou moins discrètement. M. Jaurès annonce l’intention de déposer des projets de loi qui réaliseraient, s’ils étaient votés, le socialisme intégral ; mais tout porte à croire qu’on se contentera de les discuter pour préparer les esprits aux transformations futures, et qu’en attendant les socialistes se contenteront des réformes acceptées par les radicaux. Ils en dénonceront bien haut l’insuffisance, et ils mettront au compte de la timidité radicale les souffrances qui ne manqueront pas d’en résulter. Toutes les réformes,