dans tous les esprits s’éleva cette objection : une telle candidature serait inévitablement la guerre avec la France. La Neue Press de Vienne racontait « la vive émotion que cette nouvelle avait causée aux Tuileries » (mars 1869.) Le père même du candidat, le prince Antoine fut celui qui aperçut, avec plus de clairvoyance, les conséquences inévitables de cette candidature, si elle sortait jamais du domaine des chimères. Il écrivait à son fils, le prince Charles de Roumanie : « Si cette idée finissait par être prise en considération…, la France ne permettrait jamais l’établissement d’une dynastie de Hohenzollern sur l’autre versant des Pyrénées. Elle est déjà rongée par la jalousie qu’un membre des Hohenzollern règne sur le Bas-Danube[1]. » Loftus, l’ambassadeur anglais à Berlin, en transmettant ce bruit à son gouvernement, écrivait : « J’observe que si le prince était élu, le choix serait vu avec jalousie et défaveur à Paris[2]. » Olozaga aimait trop son pays et le nôtre pour jeter entre eux un tel sujet de colère, et, comme tous les hommes sensés de l’Europe, désireux de la paix, il écarta ce nom sans même croire qu’on pût s’y arrêter. Il trouva le véritable candidat : don Fernand de Portugal, un Cobourg, neveu de Léopold, roi de Belgique, naguère époux consort de dona Maria, régent depuis la mort de sa femme. Ce nom qui semblait une promesse de l’Union ibérique, chère à tous les Espagnols, conquit aussitôt les suffrages unanimes. Unionistes, progressistes s’y rallièrent ; les républicains même firent à peine un semblant d’opposition, et le carliste Cabrera s’écria : « Pour cette solution je me ferais couper un bras, et je combattrais avec l’autre. »
Les Portugais étaient défavorables par le motif même qui rendait les Espagnols propices, car ils ne voulaient pas, eux, de l’Union ibérique. On avait beau les rassurer en leur promettant qu’il ne s’agissait pas de réduire le Portugal à l’état de province espagnole, que les deux nations conserveraient leurs belles traditions, leur gouvernement, et ne seraient attachées que par un lien fédératif. Ils n’en voulaient rien croire et n’y voyaient en réalité (lue l’absorption du petit pays par le grand, l’unité de royauté entraînant l’unité de législation et de gouvernement. Sans doute ces dispositions influaient sur celles de don Fernand ; elles n’eussent