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Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 34.djvu/249

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d’en être très content. Envoyez-moi, je vous prie, ce que vous m’avez promis sur les jurés.

Je suppose que vous avez repris nos dîners où je regrette bien de ne pas être. Je ne me consolerai de la solitude absolue dans laquelle je vais vivre que par le travail le plus continuel ; mais j’aurais besoin pour que cette consolation fût efficace que mes amis me prouvent de tems en tems qu’ils ne m’ont pas oublié. J’espère que vous avez remis à mon notaire le paquet dont vous aviez bien voulu vous charger pour lui. Je n’ai encore aucune de ses nouvelles.

Adieu, mon cher Prosper. Si vous m’oubliez, je regarderai la place d’auditeur[1]comme aussi funeste à la mémoire que l’a été celle de ministre à certain évêque de beaucoup d’esprit. Je vous aime et vous embrasse.


III


Lausanne, 16 mai 1806.

Je suppose, cher Prosper, que vous êtes allé à Auxerre et que vous êtes de retour à Paris. C’est donc à Paris que j’adresse cette lettre. Je n’ai point reçu les brochures sur le jury, mais j’aime mieux à présent que vous ne me les envoyiez pas, car je ferai probablement une course rapide à Paris.

J’ai énormément travaillé ici, et mon ouvrage[2]devient vraiment respectable, par la masse : il aura deux volumes, ce qui est le plus que le public, je pense, puisse aujourd’hui supporter. Je compte bien sur vous pour le relire encore avant sa publication. Vous êtes pour moi l’opinion publique.

Ce pays-ci est dix fois plus insupportable que Genève. Les gens pris valent bien mieux que ceux qui craignent de l’être. Heureusement je le quitte sous très peu de jours, et je ne m’arrêterai non plus que très peu de jours à Genève.

J’ai lu avec plaisir dans le Publiciste deux articles signés

  1. M. de Barante venait d’être nommé auditeur au Conseil d’État le 12 mars 1806.
  2. De la religion considérée dans sa source, ses formes et ses développemens. Cet ouvrage ne devait commencer à paraître qu’en 1824.