Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 34.djvu/316

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

En 1904, l’Angleterre, 236 millions de tonnes ; l’Allemagne, 169,5 ; l’Amérique du Nord, 324 ; la France, 34.

Remarquons, en passant, que notre production ne dépasse pas le 1/10 de celle des Etats-Unis, le 1/7 de celle de l’Angleterre et le 1/5 de celle de l’Allemagne. De plus, elle n’augmente que très lentement, de 1 p. 100 par année. Enfin, notre consommation dépasse, de 14 millions de tonnes, notre production.

Les mines du Royaume-Uni (Pays de Galles, Écosse, Irlande) emploient 833 629 ouvriers, dont la production moyenne varie, pour chacun, dans des limites assez étendues : de 341 tonnes en Écosse, elle descend à 263 dans le Pays de Galles.

On tire des houillères anglaises trois espèces principales de charbon, dont l’une, le smokeless (qui brûle sans dégager de fumée) est très précieuse pour les opérations de guerre. Le smokeless permet en effet de chauffer sans produire ces immenses panaches de fumée noire, qui décèlent la présence des navires à 20 ou 30 milles en mer, empêchant toute surprise de jour ou la nuit par clair de lune. L’Amirauté anglaise considère avec raison cette variété comme le meilleur type de charbon. M. Dawkins le désigne sous le nom significatif de « charbon de l’Amirauté. » L’Angleterre en a livré au Japon pendant la dernière guerre, mais les Russes se contentaient des qualités inférieures. Les gisemens du Pays de Galles, d’où l’on extrait ce précieux combustible, couvrent une superficie de 180 milles carrés ; la surface des terrains carbonifères de cette région atteignait elle-même à peu près 1 000 milles carrés.

On a beaucoup parlé l’année dernière de l’épuisement des mines anglaises et la marine de ce pays s’est demandé avec inquiétude la durée probable de l’exploitation des gisemens. C’était un point noir pour l’avenir de la puissance navale de l’Angleterre. En 1904, ses escadres ont consommé 8 à 9 p. 100 de la production totale des 24 mines (13 millions de tonnes, d’après la Coal Commission). Le reste passe à l’étranger. Les demandes de l’extérieur sont si actives, que parfois les commandes de l’Amirauté anglaise éprouvent du retard, souvent dans des momens critiques : à l’époque de l’incident de Fachoda, pour n’en citer qu’un. Ainsi, la réserve de charbon, peu importante, est promptement absorbée par les puissances étrangères.

D’autre part, en constituer d’énormes provisions est un mauvais calcul, à cause de la détérioration que ce combustible éprouve