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dans les dépôts. Que faire alors ? On conseillait à l’Amirauté de réserver un certain nombre de mines. Le prix d’un cuirassé ou de deux cuirassés, par an, suffirait pour assurer l’avenir.

Puis, la question s’est généralisée. Le gouvernement, effrayé par les polémiques des journaux et les prophéties pessimistes, chargea une commission d’évaluer les ressources de l’ensemble des gisemens carbonifères du royaume. Cette commission, présidée par M. Jackson, député et président du Great Northern, comptait comme membres les géologues, les ingénieurs des mines, les négocians et les gros consommateurs les plus connus. Il s’agissait d’étudier les points suivans : Effet de l’exportation du charbon sur la fourniture aux consommateurs du royaume ; évaluation du temps pendant lequel il serait possible de continuer cette fourniture (surtout pour les meilleures qualités) aux consommateurs nationaux, y compris la flotte de guerre, à un prix abordable ; possibilité de réduire ce prix, soit par l’adoption de procédés de transport plus économiques, par la diminution des gaspillages pendant l’extraction, ou par l’emploi de méthodes et d’appareils plus perfectionnés.

C’était reprendre l’œuvre de la commission de 1866, que présidait le duc d’Argyl.

Plus optimiste que sa devancière, la commission Jackson estime que les mines renferment 1/9 de charbon de plus ; et que la production durera encore deux ou trois siècles. Son rapport, très documenté, publié en 1905, indique que « dans les gisemens utilisables, une grande fraction du combustible se présente par strates épaisses de deux pieds. Actuelle mont, la production ne dépasse pas le vingtième de la masse totale des gisemens. On peut donc continuer l’exploitation longtemps encore, malgré les progrès de la production, depuis dix ou quinze ans.

L’usage des machines pour l’extraction se répand de plus en plus. On comptait 483 machines en 1902, contre 643 en 1903.

La consommation du charbon à l’usage de la marine de guerre a beaucoup augmenté dans les dix dernières années.

Enfin, jusqu’à présent, on n’a trouvé aucun charbon supérieur à celui du Pays de Galles. »

Ainsi, l’Angleterre possédera pendant longtemps de grandes richesses. Néanmoins, un de ses ingénieurs, M. Swinton, adjure ses compatriotes de ménager cette puissance industrielle, en