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survenu le 10 mars dernier, est encore présent à toutes les mémoires. Cet épouvantable accident, qui a fait 1100 victimes, a marqué le signal d’une grève à peu près générale dans nos bassins du Nord. D’où une hausse de 15 à 20 pour 100 sur le prix du charbon de Cardiff et de 3 à 4 francs sur ceux des bassins de Liège et de Charleroi[1].

L’Italie est, sous le rapport du charbon, dans une situation fort inférieure à la nôtre ; car, dépourvue de gisemens de houille, elle est obligée d’importer tout le charbon nécessaire à sa consommation. A l’époque de la guerre sud-africaine (1900), le gouvernement anglais frappa ce produit d’une taxe d’un shilling par tonne. Les Italiens payèrent de ce chef au Trésor anglais la somme annuelle de 6250 000 francs, surprise d’autant plus désagréable que sir Michael Hicks Beach amadouait l’opinion anglaise, en répétant : « N’oublions pas que ce seront les étrangers et en grande partie les flottes de guerre, qui paieront cet impôt. »

Les résultats n’ont pas été très favorables. De 1894 à 1900, l’exportation anglaise passait de 32 millions à 44 millions de tonnes. En 1901, elle rétrograda à 42 millions et, en 1905, elle n’atteignit que 47 1/2 millions de tonnes. Le ministère libéral actuel se propose de rayer cette ressource du budget.

En Italie, cette taxe nouvelle eut pour effet de mettre en vedette les projets de remplacement du charbon par le pétrole et la houille blanche.

On trouve aussi des gisemens en Australie, au Japon, au Tonkin et en Chine. Mais la plupart des produits de ces mines lointaines brûlent très vite, comme de la paille, en donnant une épaisse fumée noire qui les rend à peu près impropres aux usages militaires.

Les gisemens du Céleste-Empire ont une grande importance ; mais, jusqu’ici, le développement de ces ressources naturelles n’a pas pris beaucoup d’essor. Sur quelques points seulement, l’exploitation donne lieu à une certaine activité, dans le Tchili, par exemple, où une compagnie chinoise exploite les mines de Kaï-Ping. Ce nom générique englobe trois gisemens. Dans les limites des exploitations actuelles, 100 millions de tonnes

  1. A la fin d’avril 1906, au moment de la grève, nos compagnies houillères n’arrivaient pas à extraire la quantité nécessaire à l’alimentation de leurs propres chaudières, qui assurent le fonctionnement des cages et des ventilateurs.