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Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 34.djvu/318

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tirant parti des chutes d’eau. D’après ses calculs, l’emploi des turbines hydrauliques économise annuellement 12 millions de tonnes de charbon. Ce chiffre considérable ne représente que 2 p. 100 de la production totale ; mais, nous ne sommes qu’au commencement de cette évolution industrielle.

De 1890 à 1900, l’exportation des charbons des Etats-Unis a quadruplé. Ces combustibles auraient pu conquérir les marchés de la Méditerranée, si les Américains avaient affecté à ces transports des cargo-boats de grand tonnage pour diminuer les frais généraux. Mais la concurrence allemande, qui grandit de jour en jour, éloigne les produits transatlantiques.

Les mines de Westphalie, qui ont envoyé récemment à Courrières leurs intrépides sauveteurs, fournissent, à elles seules, plus de la moitié des charbons allemands. Voici les chiffres de la production, en 1893 et en 1900 :


1893 1900
Production totale de l’Allemagne 73 millions de tonnes 110 millions de tonnes
Production des mines de Westphalie 39 — 60 —

Le syndicat de vente des charbons westphaliens exerce en Allemagne une influence considérable sur le marché des combustibles. Il rayonne un peu partout, jusque dans la Méditerranée, ainsi qu’en témoignent les dépôts qu’il a créés à Marseille, Gênes, Naples et Port-Saïd.

Quant à l’industrie houillère française, on compte, depuis peu, de nombreux puits nouveaux dans le Nord et le Pas-de-Calais. Mais, nos mines ne présentent ni la richesse, ni les facilités d’extraction des gisemens étrangers. De plus, nos charbonnages luttent sans cesse contre l’insuffisance de la main-d’œuvre. Le Nord fait appel à la Belgique ; mais il ne s’est résolu à cet expédient qu’après avoir essayé des mineurs du Gard. Tentative infructueuse : les mineurs méridionaux reprirent la route du Sud, en quittant au plus vite une région qu’ils considéraient comme un simple lieu d’exil.

Malgré ces conditions défavorables, la production française dépassait 30 millions de tonnes en 1897, et la courbe monte depuis cette époque, sauf un léger fléchissement en 1902, à cause des grèves. Le désastre sans précédent des mines de Courrières,