Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 34.djvu/446

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

descendant des branches forment autour du tronc principal des séries de colonnes enchevêtrées. Ces racines aériennes manquent au figuier sacré (Ficus religiosa), l’arbre consacré à Vichnou, et dont les feuilles sont celles du tremble.

Dos haies vives entourent les parterres et les pépinières où l’on élève toutes sortes de plantes, parmi lesquelles la vanille est l’objet de soins tout particuliers. Près de vingt-sept arcs sont affectés à sa culture sous la direction du pharmacien en chef de la colonie. Mais ce fonctionnaire est entravé par un Conseil municipal où on lui marchande les subventions en s’étonnant que cette culture n’ait pas donné de bénéfices dès la première année. L’Hindou, qui n’est jamais pressé quand il s’agit des affaires d’autrui, se montre ici extraordinairement impatient et soupçonneux, d’autant qu’on lui a donné une part dans l’administration du pays. Il voudrait que la moisson rapporte avant que d’avoir levé. La portion eurasienne ou européenne du Conseil ne s’intéresse qu’à ses entreprises ou à la politique. Aussi la décadence générale n’a pas épargné les jardins coloniaux de l’Inde française, tandis que ceux de l’Inde anglaise sont supérieurement organisés. Celui d’Otakamund, dans les Nilghiris, que j’ai visité dernièrement, pourrait servir d’exemple.

Les débuts du jardin de Pondichéry furent cependant excellens. Un botaniste de mérite, Perrotet, célèbre par les observations et les envois intéressans qu’il expédiait sans cesse aux savans français, avait été mis à sa tête. Il réunit, dans une maison de ce jardin, la collection, la plus complète de graines et d’échantillons de plantes indiennes qui ait existé à l’époque. Mais depuis que Perrotet est mort, voici près de quarante ans, son herbier et ses graines ont été détruits par les termites, et le jardin botanique et d’acclimatation a suivi la fortune de son aîné, le Parc colonial. Un botaniste y est toujours attaché, simple gardien, fonctionnaire indigène, dépendant du service local et qui s’applique surtout à se faire oublier. Pour qui connaît l’esprit des conseils municipaux et généraux de l’Inde française, cette prudence ne saurait être blâmée. Le jardin botanique de Pondichéry rentre dans la catégorie des exploitations potagères. Les particuliers peuvent s’y procurer, à des prix raisonnables, les légumes, les fruits et les fleurs dont l’industrie indigène est incapable de l’approvisionner suffisamment. J’ai regretté, il y a quelque vingt ans, de n’avoir pas été nommé botaniste