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campagnes, les entours des villes, sont souvent les meilleurs terrains de chasse. En demeurant sur place on a toute occasion d’observer, de récolter méthodiquement en visitant pendant des semaines les mêmes localités. On peut disposer à loisir des pièges, des appâts, élever des larves, suivre les éclosions.

Au voisinage immédiat de l’homme s’établissent une flore et une faune variées comme on n’en voit nulle part ailleurs. Le sol ameubli permettant aux larves de s’y loger, d’y pousser facilement leurs galeries, les végétaux les plus divers réunis sur un même point, les arbres plantés à découvert, les détritus accumulés, l’eau toujours abondante, sont autant de conditions que n’offre guère la nature sauvage, surtout dans les régions arides et nues comme la côte de Coromandel.

Le nombre d’espèces que m’ont fourni les jardins de Pondichéry est relativement considérable. Mais c’est dans le Parc colonial que je me suis procuré le meilleur. Etabli au mois de mai 1826 sur l’ancien Champ de Mars, sous le nom de Jardin Royal de naturalisation, il eut pour premier directeur le naturaliste Bélanger. On y tenta l’acclimatation des cannes à sucre de Java, de certains poissons d’eau douce rapportés des Mascareignes, notamment du gourami (Osphronemus olfax). Mais l’administration ne fit pas longtemps crédit à la science.

Quatre années n’étaient pas écoulées qu’on supprimait le Jardin Royal de naturalisation. « Attendu que son utilité n’était pas en rapport avec les dépenses que son l’établissement et son entretien exigeaient. » Aujourd’hui on a affecté à la colonie pénitentiaire les dix-sept hectares plantés d’arbres divers, et le produit de certains, tels que les cocotiers, est affermé. A l’exception des condamnés qui circulent, par escouades, dans les allées ombreuses, sous prétexte de balayer, de sarcler, d’émonder, on ne voit personne dans ce parc. Aussi est-il mon lieu de promenade favori, tandis que je fréquente peu dans le petit jardin colonial, où je suis sûr d’être continuellement dérangé.

De celui-ci la fondation ne remonte qu’au 15 mai 1861. Sa superficie est de huit hectares. Il est arrosé grâce à un puits artésien, creusé en 1899, et qui fournit jusqu’à trois cents litres d’eau par minute. Ses allées sont plantées de grands arbres : manguiers, acacias, porchers à fleurs jaunes (Thespesia populnea), flamboyans à fleurs écarlates (Poinciania regina), multiplians (Ficus obtusifolia et indica) dont les racines adventives