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Vendôme pour le complimenter[1]. En Flandre, Villars contenait les ennemis et les empêchait de faire des progrès, jusqu’au jour où la victoire de Denain, que le Duc de Bourgogne ne devait pas voir, rétablissait la fortune de la France et préparait une paix inespérée, puisque, en 1713 et 1714, les traités d’Utrecht et de Rastadt non seulement laissaient intacte la France telle que Louis XIV l’avait faite, mais maintenaient Philippe V sur le trône d’Espagne. Ainsi le sort donnait raison à ceux qui n’avaient pas voulu souscrire à ces conditions « très honteuses » auxquelles Fénelon, Villars, Mme de Maintenon, et jusqu’à Torcy lui-même s’étaient un instant résignés. Ce fut l’honneur de Louis XIV de ne les accepter jamais, mais le Duc de Bourgogne partage avec lui cet honneur, et nous ne croyons céder à aucun sentiment de complaisance envers lui, en disant que dans ces circonstances tragiques, il sut ne manquer à aucun des devoirs que lui imposait sa triple qualité de frère, de prince et de Français.

Nous venons de voir comment il avait compris et exercé son rôle dans les Conseils. Il nous reste à montrer comment il se préparait à ses devoirs de Roi.


HAUSSONVILLE.

  1. Voici cette lettre, telle qu’on la trouve dans les papiers de Bellerive qui sont à la Bibliothèque nationale (manuscrits français, 14 178) : « J’ai vu par votre lettre que je reçus hier, Monsieur, que le Roy mon frère s’étoit acquitté de la commission dont je l’avois chargé. Vous venez certainement de lui rendre les plus importans services, et par les dispositions que je sais que vous faites, je ne doute pas que vous ne continuiez de même. Soyez persuadé que j’y ai pris et y prendrai toujours beaucoup de part. Vous savez comme je vous en ai parlé, lorsque vous partîtes d’ici et vous me connoissez pour homme véritable. Assurez-vous aussi, Monsieur, de la parfaite estime que j’ai pour vous et dont je serai ravi de pouvoir vous donner des marques quand les occasions s’en présenteront. — Louis. »