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comprendra forcément le temps indispensable à former des cavaliers suffisamment solides. Si l’on tient compte des aptitudes et des vocations et si l’on prend quelques dispositions générales spéciales qui permettent d’utiliser les chevaux et les manèges des corps montés, depuis le départ de la classe jusqu’à l’arrivée des recrues, pour exercer des futurs conscrits de bonne volonté, 18 mois de passage sous les drapeaux pourraient suffire.

On arriverait ainsi soit à uniformiser le service pour toutes les armes à 18 mois, soit à réduire à une année celui des armes à pied, en prolongeant de quelques mois sa durée pour les troupes à cheval, moyennant certaines compensations, telles qu’une réduction double ou triple dans l’armée territoriale, — mesure analogue à celle qui est adoptée dans d’autres pays.

Ce ne sont là, bien entendu, que des vues générales destinées à indiquer sommairement que le service militaire, en temps de paix, pourra être réduit, sans porter atteinte à la force de l’armée et à la défense nationale. La durée en serait déterminée exactement d’après la constatation de résultats qui ne deviendront complets que pour les générations formées dès l’enfance par des éducateurs et des instituteurs habiles. En attendant, il faut s’efforcer d’obtenir le plus promptement possible ce résultat si désirable par l’application effective et intégrale de l’instruction obligatoire de la gymnastique dans toutes les écoles, par l’extension des sociétés de gymnastique, de tir, d’escrime et d’instruction militaire. Il faut en favoriser l’éclosion et le développement, non seulement dans les grands centres, mais dans tous les cantons, sinon toutes les communes, et surtout par la révision des programmes des écoles, des examens, et des concours en y faisant une large place à la « gymnastique du jugement » telle qu’elle a été esquissée dans son ensemble[1].

C’est ainsi et seulement ainsi que peu à peu à la routine et aux vieux erremens succédera une initiative féconde et que la présence sous les drapeaux en temps de paix pourra subir, sans danger, des diminutions qui seraient trop prématurées avec le dressage et les procédés actuels.


Gal LlBERMANN.

  1. Les modifications apportées récemment au programme du concours de l’École de Saint-Cyr marquent un premier et très heureux pas dans cette voie.