Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 34.djvu/775

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1905 est absolument absorbé, et l’exercice 1904 reste seul eu excédent réel, de 18 millions environ.

Telle a été la marche de nos finances depuis 1871 : deux exercices seulement, ceux de 1898 et de 1904, offrent un excédent des recettes normales sur l’ensemble des dépenses, excédent bien maigre, d’ailleurs : 28 millions en 1898 et 18 millions en 1904. Néanmoins, on ne peut contester qu’il n’y ait eu dans la gestion une amélioration assez sensible depuis 1885, et surtout depuis 1891. Cette amélioration, si insuffisante qu’elle soit, ne tient pas principalement à plus de prudence et de fermeté dans l’engagement des dépenses : elle a deux autres causes : d’une part, les conversions de dettes publiques, qui ont procuré au Trésor des économies considérables, d’autre part le relèvement des recettes nettes des grandes Compagnies de chemins de fer, qui a singulièrement réduit le fardeau des garanties d’intérêts et qui même a ouvert pour le Trésor la période des remboursemens à lui faits par les Compagnies. Voilà les deux aubaines qui ont sauvé nos finances publiques d’embarras inextricables.

En 1883, en 1894, en 1302, la dette de près de 6 milliards contractée au taux d’intérêt de 5 pour 100 après la guerre de 1870-71 a été réduite en 4 et demi d’abord, puis en 3 et demi, puis en 3 pour 100 ; il en est résulté un allégement total de 136 millions de francs en chiffres ronds. Nous laissons de côté quelques autres conversions moins importantes qui ont aussi procuré au Trésor, soit sous la forme d’apport de capital, soit sous celle de réduction d’intérêts, quelques ressources, comme la conversion de l’emprunt Morgan et celle des anciennes rentes 4 et demi et 4 pour 100. Le bénéfice des conversions s’est surtout fait sentir dans la période de 1894 à 1903.

Au cours de la même période, le gouvernement ayant adopté dans ses rapports avec les grandes Compagnies de chemins de fer un modus vivendi équitable, la charge des garanties d’intérêts, qui un moment/avait été écrasante pour nos budgets, s’atténua considérablement, puis fit place à des rentrées notables : en l’année 1895, d’après les tableaux de M. Poincaré, la charge de ces garanties d’intérêts atteignait 99 millions ; elles ne figurent plus au budget de 1907 que pour 15 millions ; mais, d’autre part, on trouve en recette au même budget 13 millions de reversemens à faire par certaines Compagnies sur les garanties d’intérêts antérieurement payées et, en outre, 4 millions et demi de partage